Cette nouvelle méthode repose sur la détection d'un marqueur spécifique de la mammite bovine clinique et subclinique : la protéine MAA (MilkAmyloid A). Sa présence dans la mamelle témoigne spécifiquement d'une infection dès la présence du pathogène, avec un retour à une concentration normale dès la fin de l'infection. Dans des essais réalisés en 2013, la montée de MAA était identifiée 7 à 10 jours avant que l'éleveur détecte une mammite clinique.
Jusqu'à présent, la méthode permettant de juger du statut sanitaire de la mamelle était basée sur le taux cellulaire, mais elle trouvait ses limites dans la détection des mamelles infectées, avec des mamelles dites "fausses négatives". Les travaux réalisés dans le cadre de Bioteck lait combinent la méthode des cellules avec celle de la protéine MAA, et montrent au moins 95% de sensibilité pour la valeur prédictive.
Des observations réalisées en 2014 dans six élevages, sur 112 vaches avant tarissement, ont permis de confirmer la complémentarité de ces deux indicateurs pour caractériser le statut sanitaire de la mamelle. Dans ces essais 2014, l'utilisation d'antibiotiques intra-mammaires au tarissement a été réduite de 29%, en appliquant la méthode Bioteck quartier par quartier. En effet, la majorité des éleveurs laitiers réalise encore de façon systématique un traitement intra-mammaire à base d'antibiotiques sur les vaches au moment du tarissement.
Analyses quartier par quartier
Les 12 entreprises de conseil élevage regroupées dans la société Bioteck lait, travaillent sur ce sujet depuis 2002, en partenariat avec la société irlandaise Tridelta, spécialisée dans le diagnostic vétérinaire. Marc Belvalette, directeur d'Alysé et de Bioteck lait, explique :Après avoir vérifié dans le cadre d'une thèse avec le CNRS de Compiègne, que la sécrétion de MAA était une réaction immunitaire spécifique de l'infection de la mamelle, nous avons cherché comment doser cette protéine dans nos laboratoires, afin de pouvoir proposer des analyses à un coût raisonnable.
Laurent Mériaux, responsable technique de Bioteck lait, et employé d'Eilyps souligne :
J'insiste sur l'importance de travailler quartier par quartier. Même si la mamelle donne un résultat sain, il peut y avoir 1 ou 2 quartiers infectés.
Cette nouvelle méthode brevetée est une première en Europe qui intéresse déjà d'autres pays européens. À plus long terme, la protéine MAA pourra aussi être utilisée comme indicateur de guérison et d'efficacité du traitement.
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