Un maïs sans grain peut être un bon maïs

Rencontres bout de silo organisées par Alysé. Photo : M. Lecourtier/Pixel image

Le maïs fourrage revêt une réelle complexité pour être bien valorisé. En effet, c’est le dernier fourrage récolté de l’année, ou presque, et il faut attendre qu’il soit dans le silo pour connaître sa valeur et déterminer avec quoi l'associer pour assurer une ration équilibrée.

À ce titre l’année 2015 est un véritable casse-tête pour les éleveurs dans certaines régions. Les maïs fourrages étaient très hétérogènes d’une région à l’autre voire d’une parcelle à l’autre, mais ils faisaient souvent grise mine. Beaucoup prévoyaient une catastrophe. La catastrophe n’est peut-être pas passée loin, mais les rendements ne sont pas mirobolants pour autant.

Lors de l’avant dernière « rencontre bout de silo » organisée par Alysé le 25 novembre dernier, Thierry Crespo, expert nutrition et reproduction au sein d’Alysé, indiquait :

Dans la zone d’Alysé qui compte notamment l’Aube, l’Yonne et le Loiret, le rendement moyen est de 6 tMS/ha pour le maïs fourrage. Certains sont descendus à 5 tMS/ha quand d’autres ont frôlé 11 tMS/ha. La grande interrogation des éleveurs avant la récolte était de savoir s’il fallait acheter du maïs à des confrères. Or, la qualité du maïs est très hétérogène cette année. Certains sont médiocres, d’autres affichent une qualité proche voire supérieure à ceux de l’année 2014.

Des maïs très digestibles

Après l’analyse des 200 premiers échantillons de maïs ensilage, les experts d’Alysé estiment que les analyses de 2015 sont en moyenne proches de celles de la moyenne de 2014. À la différence près que les maïs 2015 affichent une digestibilité plus importante. Joël Beaudeau, responsable des conseillers lait de la zone Est d’Alysé, l’explique :

La digestibilité des maïs se concrétise dans le dernier tiers de végétation de la plante. Cette année, les plantes ont bénéficié d’un mois d’août plutôt favorable à ce niveau. Une particularité qui explique que même des maïs sans amidon soient digestibles. En effet, le sucre qui n’a pas pu migrer vers les grains a en fait rendu les tiges des maïs très digestibles. Certaines tiges peuvent ainsi atteindre 0,9 UFL. De fait, il ne faut pas prendre en considération uniquement le grain et l’amidon pour extrapoler la qualité d’un maïs. Un maïs avec un faible taux d’amidon peut afficher un niveau d’UFL important. L’ensilage, ce n’est pas que du grain. Ce sont aussi des tiges !

Photo : M. Lecourtier/Pixel image


À ce titre, les valeurs du taux de matière sèche, du taux d’amidon et la valeur en UF du maïs ne suffisent pas à caractériser la qualité d’un maïs. La digestibilité infrarouge (DIR) qui est une valeur mesurée en laboratoire reflète mieux la qualité du produit que la DMO qui était calculée et donc moins précise. De plus, la digestibilité des parois du maïs y compris la lignine (dNDF) est également importante. D’autant plus qu’en cette année particulière, elle est nettement plus élevée qu’à l’accoutumée.

Attention aux compléments apportés

Pour les meilleurs maïs – ceux qui ont une digestibilité élevée – avec un taux d’amidon élevé ou faible, la grande difficulté de l’année va être d’apporter les bons fourrages avec. Thierry Crespo s’en explique :

Qui dit digestibilité élevée, dit encombrement faible. En cette année où le stock fourrager est plutôt bas voir critique, il faut donc veiller à préserver le maïs et surveiller la santé des animaux. Même sans grain, il peut y avoir risque d’acidose. Comme le maïs est très digestible, il se dégrade vite et limite la rumination des animaux. D’où le risque d’acidose.

Il faut donc bien compléter des maïs très digestibles pour valoriser le maximum des UFL qu’ils peuvent délivrer. Sinon, ces UFL se retrouveront dans les bouses. Un fourrage encombrant est donc de mise. Pour ceux dont les stocks fourragers sont au plus bas et qui ne peuvent pas forcément en distribuer, l’expert nutrition tient à rappeler :

Il faut être très vigilant quand on remplace des fourrages par des coproduits. À savoir que seule la pulpe de betterave surpressée est encombrante et peut remplacer un maïs fourrage. Les autres coproduits des industries agroalimentaires ne peuvent pas remplir cette fonction.

Voir aussi :
Une appli pour réussir son silo de maïs
Un ha de maïs sur dix est une variété HDi
 

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