Une alimentation de précision pour les bovins

Le "moisture tracker" est développé par la société américaine Digistar. Photo Digistar.
Le réseau France conseil élevage, et plus particulièrement ses adhérents du Grand Ouest, développent de nouveaux outils pour améliorer la précision de l’alimentation des bovins. Depuis quelques mois, plusieurs organismes de conseil élevage utilisent le « moisture tracker », un petit appareil portable qui permet de mesurer de manière instantanée la matière sèche des fourrages bruts au pied des silos.

Yann Martinot, directeur technique d’Orne conseil élevage, explique l’intérêt de cet outil :

Le nutritionniste parle en matière sèche alors que l’éleveur parle en matière brute. Il est donc important quand un éleveur parle de kilos de fourrages bruts, que le nutritionniste puisse traduire cela en kilos de matière sèche.

Par ailleurs, l’hétérogénéité à l'intérieur d’un silo et son évolution dans le temps ne sont souvent pas prises en compte. Or les silos peuvent être constitués de plusieurs parcelles récoltées à des taux de matière sèche différents, et la matière sèche des fourrages stockés évolue au fur et à mesure des mois.

Il faut répéter les analyses dans le temps pour suivre la dérive. Le bon rythme est une fois par mois ; dans certaines grandes exploitations américaines, c’est une fois par semaine !

180 euros/an pour des analyses "illimitées"

Tout comme les analyses AgriNIR développées depuis 5 ans déjà sur 33 départements, et qui fournissent en plus de la matière sèche une dizaine de critères nutritionnels, les analyses du taux de matière sèche avec le « moisture tracker » sont basées sur la technologie du proche infra-rouge. Réalisées de façon instantanée sur les fermes, ces analyses sont faciles, rapides, et aussi moins coûteuses. Yann Martinot :

Un éleveur peut souscrire chez nous un contrat pour un nombre "illimité" d’analyses pour 180 euros/an. Nous avons en France une faible culture de l’analyse, sans doute car nous sommes très exigeants en termes de précision. Or, ces outils apportent suffisamment de précision pour avoir des rations plus efficaces, car calculées avec les vraies valeurs des aliments.

Le nutritionniste rappelle que l’alimentation est le premier poste de charges opérationnelles en élevage laitier : il peut varier jusqu’à 50 euros/1000 litres de lait pour un même système de production. Chaque année, la maîtrise de ce coût peut être remise en question en fonction de la qualité des fourrages récoltés.

Prévision de récolte

Dans les mois qui viennent, le réseau France conseil élevage proposera également en routine des analyses de la dégradabilité théorique de l’amidon, un critère important vis-à-vis de l’acidose.

Par ailleurs, en plus des analyses sur les fourrages récoltés, Orne conseil élevage développe aussi un service de prévision de récolte. En maïs, une analyse à partir de 5 pieds de maïs est réalisé 3 semaines avant la date de récolte théorique, afin d’optimiser celle-ci.
Pour l’herbe, chaque semaine durant les 3 semaines avant la date de fauche théorique, le rendement et la valeur MAT (matières azotées totales) sont estimés à l’aide de l’herbomètre et d’AgriNIR notamment.

Ce service appelé Scan récolte herbe inclut un modèle de prévision de la durée de séchage sur la base des données météo. L’objectif est de viser un temps de séchage minimum, autour de 24h, pour atteindre 30 à 35% de matière sèche. Pour une bonne valeur MAT, il est parfois préférable de faucher dès 1,5-2 tonnes.

Voir aussi :
AgriNIR : Des analyses régulières pour un conseil réactif
 

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