Une méthode pour faire parler les sols

La méthode d’évaluation visuelle des sols mise au point par Graham Shepherd permet d’évaluer immédiatement et de manière efficace la qualité des sols et des pâturages avec une précision semblable à celle d’un spécialiste. Photo: D. Bodiou/Pixel Image
Le spécialiste néozélandais des sols Graham Shepherd a mis au point une méthode d’évaluation visuelle destinée à connaître de façon simple et rapide les performances des sols et des pâtures.
En novembre et décembre 2014, cet ancien directeur du département des sciences du sol en Nouvelle-Zélande et consultant pour Pâture Sens donne des formations partout en France.
L’objectif est d'aider les éleveurs à suivre de façon autonome les activités du sol et son niveau de vie biologique, à mieux raisonner le type de fertilisants à employer et à aller vers l'optimisation du système et la réduction des coûts de production.
 

Graham Shepherd explique :

Les performances économiques et la pérennité des systèmes d’élevage bovin sont intimement liées aux performances des plantes et donc à la qualité du sol. Aussi, les éleveurs ont tout intérêt à pouvoir évaluer facilement l’état de leurs terres, condition qui leur permettra de les mettre au diapason de la rentabilité de la production animale. 

La méthode d’évaluation visuelle des sols est basée sur la notation des principaux indicateurs biophysiques de la qualité du sol, selon une grille d’évaluation.
- Les ″indicateurs de performance des cultures″ renseignent indirectement sur l’état du sol et son potentiel de production.
- Quant aux ″indicateurs du sol″ utilisés dans cette méthode, ils sont transversaux à tous les types de sol.
La méthode d’évaluation visuelle peut donc être utilisée quelles que soient les conditions pédoclimatiques de la parcelle.
 
Pour mener à bien l’évaluation visuelle, le scientifique a publié un guide de terrain « cultures et pâturages en plaines et collines », où l’utilisateur trouve des notions d’agronomie, des informations sur les plantes et leur importance fondamentale pour la gestion durable des ressources, des renseignements sur la qualité des sols ainsi que de nombreuses photographies lui permettant de réaliser des comparaisons avec ses observations.

Test du boudin

Dans une prairie pâturée, la méthode consiste à prélever un cube de terre de 20 cm de côté, lequel permet d’apprécier visuellement la qualité et la performance du sol. Graham Shepherd a retenu dix indicateurs-clés, à commencer par la texture du sol. Celle-ci s’apprécie en formant entre les doigts une boule de terre préalablement humidifiée puis en exerçant une légère pression sur cette dernière.
Dans une prairie pâturée, la méthode consiste à prélever un cube de terre de 20 cm de côté, lequel permet d’apprécier visuellement la qualité et la performance du sol. © D. Bodiou/Pixel image

 

Une boule de terre limoneuse a tendance à éclater et se fendiller, contrairement à l’argile qui reste modelable, sans aspérité.

Le prélèvement de terre, après avoir été lâché au maximum trois fois d’une hauteur d’un mètre, fournit des informations sur la structure du sol, autre indicateur d’importance. Un émiettage de la terre en une multitude d’agrégats fins et friables est l’indice d’une bonne structure de sol. Un sol dominé par des mottes grossières est au contraire le signe de pauvres conditions.

Le test du boudin de terre permet en outre d’évaluer si le sol est assez ressuyé, pour être capable d’accepter le piétinement du troupeau sans dégâts de compaction de la parcelle en conditions humides (sol peu portant). L’apparition de fissures ou de cassures sur un morceau de terre roulé entre les doigts est le signe que le sol est suffisamment ressuyé.
 
 

Marge brute acceptable 

La porosité du sol, indicatrice d’une bonne aération, s’évalue quant à elle en cassant une motte de terre en deux et en comparant la face de la division avec les images proposées dans le guide de terrain. Guide à l’appui, l’observation du nombre et la coloration des agrégats fournissent aussi des indications sur l’aération du sol.

L’absence d’agrégats gris et orange est le signe que le sol respire et qu’il est raisonnablement poreux. Une bonne aération du sol est l’assurance d’un potentiel important de création d’ATP (adénosine triphosphate), molécule essentielle à la vie microbienne. Un manque d’aération au contraire empêche la décomposition de la matière organique et favorise la production de gaz (acetaldéhyde, formaldéhyde) nocifs au développement racinaire. Il restreint aussi le mouvement de descente de l'eau dans le sol, et affecte la disponibilité des diverses matières nutritives, par exemple l'azote. Pour éviter le compactage du sol, il convient d'appliquer des mesures de correction pouvant contribuer à améliorer la structure du sol à long terme, comme le chaulage.

Les performances du sol s’évaluent également par la profondeur de l’enracinement, la présence de vers de terre (certaines espèces peuvent signaler un mauvais état de fonctionnement su sol) et l’odeur du sol.
 
 
Un émiettage de la terre en une multitude d’agrégats fins et friables est l’indice d’une bonne structure de sol. © D. Bodiou/Pixel image
 







Le diagnostic se poursuit par une évaluation des performances des pâtures, selon dix critères également : la qualité de la pâture, sa couleur, la longueur et la densité des racines, la production de matière sèche, la présence d’adventices, la valeur de colonisation et la résistance à la sécheresse, etc.

Après avoir réalisé ces observations et attribué une note à chaque indicateur, l’utilisateur peut calculer le score final et obtenir précisément, grâce à un index, l’évaluation des performances du sol et des plantes selon trois niveaux : pauvre, moyen ou bon.

Un score supérieur à 35 points signifie que les performances sont excellentes et que les coûts de production sont faibles. Un sol en condition moyenne, avec une note comprise entre 20 et 35 points, permet de maintenir une marge brute acceptable. Mais si le score chute à moins de 25 points, la production de la pâture peut commencer à diminuer significativement avec une perte de 13 kg/ha/mois de matière utile. Un score inférieur à 25 points en particulier doit alarmer sur les pratiques culturales mises en œuvre et inciter à les ajuster voire à les modifier. 


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Pour en savoir plus :
La relation entre l’action de pâturage, le sol, et l’animal
Mieux connaître les vers de terre



 

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