2,8 millions d'hectares de forêt et 83 000 exploitations (17 % national), la nouvelle région Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes représente une véritable force agricole.
Avec 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires, elle devient d’ailleurs la 1re région agricole française et européenne, même si elle se positionne 4e des 13 régions françaises en valeur ajoutée par hectare, comme l’a souligné Luc Servant, président de la chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, lors de la 7e conférence agricole départementale à La Rochelle
le 5 février.
La production laitière représente en valeur 20 % de la production agricole régionale, mais subit depuis plusieurs années un phénomène de déprise, principalement en zone de plaine au profit des grandes cultures. La grande région compte aujourd’hui
216 000 vaches laitières (pour 884 000 vaches allaitantes), 312 000 chèvres (1er cheptel caprin français – en Deux-Sèvres et Vienne) et 1 233 000 brebis (leader en lait de brebis, avec la production d’Ossau-Iraty, en Pyrénées-Atlantiques).
"On va vous faire mourir"
Première coopérative laitière de la grande région, Terra Lacta a collecté 730 millions de litres de lait de vache en 2015, et 108 millions de litres de lait de chèvre, auprès de 2000 producteurs comme l’a présenté son président Alain Lebret :Par rapport à 2008, c’est un recul de 3,5 % en lait de vache, et de 4,9 % en lait de chèvre. Les exploitations laitières ont tendance à remonter de plus en plus au nord de la grande région. Les exploitations du sud sont alors de plus en plus isolées. Le modèle économique est difficile à établir pour ces exploitations éloignées les unes des autres, afin d’y maintenir un service minimum de suivi et collecte.
J’ai entendu des Irlandais me dire : "On va vous faire mourir, nous allons produire du lait pour envahir le Sud !" En France, sur les 25 milliards de litres de lait produits, seuls 10 milliards sont valorisés en transformation, au travers de produits régionaux de qualité, avec un niveau de valorisation correct. Mais ce n’est pas suffisant pour compenser le lait non transformé, actuellement à 220 euros/tonne sur les cours mondiaux ! Il nous faut travailler avec nos partenaires, les autres coopératives, les privés, pour alléger nos charges, et aller plus à l’export ! Nos fromages devraient davantage se vendre à l’export, nous ne sommes pas assez dynamiques sur ce segment ! Nous nous faisons trop la concurrence avec nous-mêmes, et c’est regrettable.
Il est fondamental de valoriser davantage nos produits régionaux, sur nos propres régions. C’est un rayon qui est aujourd’hui capable d’absorber un produit mieux valorisé, sur de plus grands volumes, à conditions de communiquer. Il est aussi important de continuer à investir dans des outils de transformation : depuis deux ans, nous avons investi 60 millions d’euros pour moderniser nos outils. Enfin, une action européenne est nécessaire, pour se doter de mécanismes de régulation et de stabilisation du prix du lait à l’échelle de l’UE.
Voir aussi :
Terra lacta officialise son union avec Bongrain