Manifestations : la Confédération paysanne et la FNSEA expriment leurs revendications

Blocage autoroutier dans le Vaucluse

Depuis son tracteur, Sylvain Bernard, secrétaire général de la FDSEA du Vaucluse, exprime son ras-le-bol en rejoignant le mouvement sur l'autoroute.

Crédit photo © Sylvain Bernard
À quelques heures des annonces formulées par le Gouvernement, la Confédération paysanne et la FNSEA continuent les actions dans l’Hexagone. Nous avons donné la parole à deux représentants syndicaux : ils nous exposent les motifs de leurs revendications.

>>> JÉRÔME GAUJARD, porte-parole Bourgogne-Franche-Comté
de la Confédération paysanne et céréalier en Côte-d’Or

La première revendication porte sur l’arrêt des traités agricoles de libre-échange, que ce soit avec le Mercosur ou avec la Nouvelle-Zélande. Pour Jérôme Gaujard, porte-parole Bourgogne-Franche-Comté et céréalier en Côte-d’Or, « il est normal que les agriculteurs soient questionnés sur leurs pratiques, mais il faut que tout le monde joue à armes égales avec des règles d’importations identiques. C’est par le revenu payé au producteur que cela passera. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il y a un malaise ». Pour le syndicat, cette crise est la conséquence directe des politiques économiques ultralibérales menées depuis plusieurs décennies par l'État et l'Union européenne.

Prix des produits agricoles

Une autre revendication demande l’établissement de prix plancher pour les produits agricoles, à l’instar de la loi espagnole sur les chaînes alimentaires. Une proposition de loi a été déposée en octobre, mais elle n’a pas été votée à six voix près à l’Assemblée nationale, du fait de l’opposition des députés macronistes.

Ne pas se tromper de cible

Mais pour Jérôme Gaujard, « il faut éviter les boucs émissaires commodes. On peut simplifier l’administration qui a tendance à laisser les gens seuls devant leur ordinateur. Mais ce n’est pas en refusant ce qui, de près ou de loin, est attribué à l’écologie que l’on trouvera des solutions. Si on laisse tout faire par le marché, ce sont les gros qui mangent les petits ».

Pour lui, les 9,5 milliards d'euros d’aides européennes que touche l’agriculture française sont mal répartis : « Elles devraient être attribuées en fonction des actifs et non à l’hectare, sans limites. De même, les aides à l’investissement font curieusement monter les prix. Cet argent ne reste pas dans la poche des agriculteurs. »

Le syndicat appelle à la mobilisation, c’est que, pour Jérôme Gaujard, « l’important n’est pas de montrer ce qui nous sépare les uns des autres ».


>>> SYLVAIN BERNARD, secrétaire général de la FDSEA du Vaucluse
et producteur de tomates industrielles

Sylvain Bernard, secrétaire général de la FDSEA du Vaucluse, est mobilisé depuis la première heure, bien avant même les blocages routiers. Depuis son tracteur, entre deux barrages et escorté par la gendarmerie, il ne cache pas son exaspération : « Depuis 30 ans, si on reprend les revendications de la FNSEA, on les retrouve toutes dans celles qui sont exprimées aujourd’hui. Le point commun à tous les agriculteurs dans ce conflit, c’est que nous souhaitons vivre de notre travail. Tous les autres sujets sont liés à cela. »

Que ce soit les taxes qui augmentent, la fin annoncée du GNR ou les redevances phyto, il demande non pas un report des augmentations, mais une diminution de ces charges qui pèsent sur les fermes.

Remettre de la cohérence

L’écologie en prend aussi pour son grade : « Avec le nouveau conseil stratégique, il faut un permis pour utiliser des produits phyto. On n’est pas là pour empoisonner, mais les écologistes n’ont même pas parlé des 13.000 camions qui sont passés cette nuit en traversant simplement la France avec des produits importés à bas prix. Il faut remettre de la cohérence dans tout cela. S’il faut revenir au mulet pour exploiter, nous savons le faire. Mais il nous faudra alors des bras pour remplacer les tracteurs. »

Les aides, indispensables et contraignantes

Pourtant devant les 9,5 Mds d’aides PAC accordées chaque année à la France, Sylvain Bernard exprime sa gêne : « Mes revenus ont été supérieurs aux aides une seule fois depuis mon installation en 2008. Si je pouvais m’en passer, je serais le premier à le faire. Et c’est précisément là que se trouvent le plus de contraintes administratives. »

Il reste dubitatif sur la capacité du ministre à entendre les demandes au niveau où elles sont aujourd’hui. Il attend « du courage et de la cohérence pour changer un modèle de 60 ans qui n’est plus bon ». Nul doute que sur ce thème précis, il sera raccord avec d’autres organisations professionnelles.

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