De la gestion des vaches à celle des Hommes

Une fois le seuil du million de litres atteint, 4 UMO sont dénombrées. © N. Tiers/Pixel image

Jusqu’à la fin des quotas laitiers, l’accroissement des effectifs au sein des fermes coïncidait avec l’augmentation de la taille des troupeaux laitiers : voilà ce qui a été rappelé dans l’atelier « Travail dans les grandes structures, des collectifs à l’épreuve » durant les 4es rencontres nationales du travail en élevage.

Au-delà d’une production de 800000 litres de lait, les fermes comptent 3 UMO. Une fois le seuil du million de litres atteint, 4 UMO sont dénombrées.

Les grands collectifs ne sont pas nouveaux en France mais ils prennent un poids de plus en plus important. Ce mouvement ne devrait pas cesser de sitôt. La principale interrogation liée à cette évolution est le statut des personnes au sein de ces collectifs. Les agriculteurs auront-ils recours à l’association ou au salariat ?

Gestion des rapports humains

En France, le recours à la main-d’œuvre salariée n’est pas la coutume contrairement à d’autres pays européens. Dans tous les cas, la gestion des hommes devient une question prégnante. Emmanuel Béguin de l’Institut de l’élevage souligne :

Le seuil à partir duquel les éleveurs se considèrent en grand collectif est variable. Mais au-delà de trois personnes, on peut déjà considérer que la gestion des rapports humains compte dans le travail au quotidien.

Benoît Marmier, éleveur dans le Haut-Doubs, complète :

Jusqu’à 100-150 vaches laitières, on gère des animaux en tant qu’agriculteur. Une fois ce seuil dépassé, on gère des hommes.

Responsabiliser les salariés

Cet éleveur de 200 vaches montbéliardes, producteur de 1,2 million de litres de lait transformés en fromages AOP comté, morbier et mont-d’or sait de quoi il parle. La ferme, située à Frasne (850 m d’altitude), compte 4 associés et 3 salariés. Trois des associés ayant de nombreuses responsabilités extérieures à la ferme, ils sont très peu présents sur l’exploitation. Ils sont donc remplacés par des salariés. Au total, la ferme compte 4 UTH.

Benoît Marmier étant le seul associé présent en permanence sur la ferme, il en est le chef d’orchestre. Si les grandes décisions d’investissement demandent un consensus avec ses associés, il gère la vie quotidienne de la ferme avec ses salariés. Pour lui, trois points sont essentiels :

Il est impératif d’associer les salariés au travail de la ferme en les responsabilisant. Il faut aussi que les missions de chacun soient claires. Pour ce faire, ils ont chacun des missions spécifiques tout en restant polyvalents et nous réalisons un planning hebdomadaire en début de semaine. Enfin, le salaire doit être digne pour fidéliser les salariés. Chez nous, ils touchent approximativement 2000 euros nets par mois.

La transmission facilitée

Selon Pierre-Emmanuel Belot de l’Institut de l’élevage, il existe trois grands types de collectifs :

Les collectifs historiques qui ont eu une évolution positive et qui sont désormais des piliers ; les collectifs progressifs qui ont mis beaucoup de temps à grandir et à se construire et qui deviennent historiques avec le temps ; les nouveaux collectifs qui se sont créés récemment et de manière très brutale et très rapide suite à un événement.

La transmissibilité de ces collectifs est sans doute très différente d’un cas à l’autre, mais selon Benoît Marmier le collectif facilite la transmission :

La reprise doit bien évidemment être cohérente et permettre à celui qui s’installe de vivre et de rembourser son investissement. Il faut donc imaginer une valeur de reprenabilité à l’image d’un fonds de commerce dans l’artisanat. Mais au-delà de cette notion économique, le reprenant a l’avantage d’arriver au sein d’une structure qui fonctionne parfaitement. L’incertitude de l’installation est donc moindre qu’en individuel.

Les grands collectifs permettent aussi une montée en puissance dans les responsabilités au sein de la ferme. Le jeune installé pourra d’abord se concentrer sur la technique avant de s’atteler à la gestion stratégique de l’exploitation. Plus que la technique, il est important que les personnes soit formées aux relations humaines. Des formations au management sont presque indispensables dans ces collectifs agricoles.

Voir aussi :
Grands troupeaux étrangers : quelles structures ?
La gestion des grands troupeaux : un thème porteur

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