Incertitudes sur le déclenchement du prix à l’intervention

La demande des ménages français en produits laitiers a progressé de 24 % depuis le début du confinement. CP : Cotens/Pixel6TM
Tous les facteurs jouent en faveur d’une demande à l’intervention. Les prix bas se stabilisent pour certains produits, mais celui du lait devrait baisser. La collecte européenne continue sa progression, et l’export est en berne. La Commission européenne a fait des propositions d’aide au stockage. Mais quand l’activation de l’intervention aura-t-elle lieu ?
 
La situation évolue depuis le début du confinement. Les cours de la poudre maigre auraient-ils cessé de chuter ? En semaine 1, ils ont progressé et se retrouvaient légèrement en dessous des prix de 2019. Toutefois, après des prix élevés au début janvier, ils ont baissé de 28 % pour se rapprocher du prix d’intervention. Il en est de même pour le beurre sur le marché spot, qui voit ses cours remonter (+ 60 euros/t en une semaine, à 2 660 euros/t en semaine 17) et le prix du lait valorisé en beurre/poudre (218 euros/1 000 l en semaine 17). En revanche, le prix du lait en France, robuste tout l’hiver, stagne et devrait baisser de 20 à 30 euros/1 000 litres au second trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2020, comme l’Institut de l’élevage l’a déjà annoncé il y a quinze jours.
 
Avec ces baisses de prix, comment les exploitations vont-elles réagir ? Selon l’observatoire de l’endettement et des trésoreries, 30 % des fermes laitières auraient des trésoreries dégradées.
 

L’incitation à diminuer la collecte a-t-elle un effet ?

Jusqu’à présent, la hausse saisonnière est modérée, dans la même lignée que les cinq dernières années. Les incitations à la baisse de la collecte vont-elles avoir un effet ? Le climat joue-t-il un rôle dans cette augmentation contenue de la production ? Il semblerait que oui. Gérard You, responsable du service économie des filières à l’Institut de l’élevage, affirme :

p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 12.0px 'Minion Pro'} « Le déficit de pluviométrie à l’Est et les nuits fraîches de début avril ont limité la production laitière. Mais, depuis quelques jours, les pluies sont revenues.  La production de fourrages s’effectue dans de bonnes conditions, nous allons donc pouvoir mesurer si les signaux émis par certains transformateurs pour baisser la collecte portent leurs fruits. »

 

Or, en Europe, la collecte continue toujours sa progression, mais de façon moins rapide (1 % au lieu de 1,2 % durant la période hivernale, par rapport à 2019). Tous les pays sont en croissance. Par exemple, la collecte de lait aux Pays-Bas a augmenté de 3 % au premier trimestre, mais l’export a diminué. Aussi, la coopérative Friesland Campina a baissé ses prix de 6 %. Des tarifs aussi bas n’avaient jamais été vus depuis 2016.

 

Proposition d’aide au stockage de la Commission

Face à une offre abondante, la demande des ménages varie plus ou moins selon le confinement. Ainsi, leurs achats ont progressé de 32 % en Italie, de 24 % en France, de 26 % en Allemagne, de 32 % aux États-Unis, mais seulement de 18 % aux Pays-Bas et de 16 % en Espagne. Et l’exportation, déjà en ralentissement avant le confinement, a baissé pour tous les produits hormis le beurre et le butter oil, très compétitifs vers le Moyen-Orient. Les expéditions de fromages, par exemple, chutent vers les marchés japonais et anglais. En poudre maigre, l'Europe n'est pas compétitive face aux États-Unis, et la Chine a limité ses demandes en lactosérum.
Gérard You résume la situation :

« La fabrication des stocks de report subit un rebond. Le 22 avril, la Commission européenne a proposé une aide au stockage privé de 30 millions d’euros pour 90 000 tonnes de poudre de lait entier, 140 000 tonnes de beurre et 100 000 tonnes de fromages. Nous nous dirigeons vers une activation de l’intervention. Mais plus elle arrivera tardivement, moins elle aura un effet sur l’équilibre des marchés. Nous nous préparons à des jours difficiles... Pour l'instant, aucune entente n’émane des pays de l’Union européenne à ce sujet. »

 
Aux États-Unis, la collecte de lait continue toujours à progresser (de 2 % au premier trimestre par rapport à 2019). Le cours du beurre s’effondre, et, après une forte chute, les cours du cheddar se stabilisent. Un plan de soutien laitier a donc été voté pour les éleveurs (2,9 milliards de dollars), pour les banques alimentaires et pour les autres organismes humanitaires (100 millions de dollars). Les éleveurs qui ont jeté leur lait vont pouvoir bénéficier de cette aide.

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