Longtemps délaissée, la polyculture-élevage retrouve un intérêt notamment auprès des adèptes de l’agroécologie. Préservation de la biodiversité, amélioration de la qualité des sols, plus grande résilience au changement climatique et diversité des sources de revenus, tels sont les avantages énoncés par Julie Ryschawy de l’Ensat (École nationale supérieure agronomique de Toulouse) pour ces exploitations qui produisent à la fois des cultures et élèvent un cheptel. Mais, globalement, elles seraient moins rentables que celles qui choisissent de se spécialiser. C’est en tout cas le constat de Marc Moraine de l’Isara de Lyon qui a participé au projet européen Cantogether sur les possibilités de « reconnexion culture-élevage.
Selon une analyse sur trois ans de plus de 240 000 exploitations en Europe, ce sont les systèmes les plus intégrés, c’est-à-dire les plus autonomes, qui dégagent en moyenne le moins de revenu pour l’exploitant.
Manque de références technico-économiques
Les objectifs des chercheurs pour les années à venir sont clairs : redéfinir la polyculture élevage pour ensuite repérer les systèmes qui fonctionnement le mieux tant sur le plan environnemental, social et économique au sein des territoires. Ils ont déjà commencé avec le programme du réseau mixte technologique RMT Spyce. Piloté par l’Institut de l’élevage, il a démarré en 2013 et porte sur l’évaluation de l’efficacité et de la capacité adaptative des systèmes de polyculture-élévage (PCE) sur des temps courts et longs. Il a également pour objectif l’élaboration d’une typologie adaptée des PCE pour le conseil et pour la statistique agricole en vue d’aider les politiques publiques à mieux repérer la diversité des formes de PCE. Mais les chercheurs se heurtent de nombreux obstacles. Il manque de références technico-économiques qui reflètent les interactions culture/élevage au sein de l’exploitation. Sans doute depuis des décennies, avec des unités fonctionnelles (q/ha ; kg de lait/vaches laitières ou encore kg de poids vifs) différentes, est-il difficile de trouver une cohérence. Sur le terrain, des pionniers d’une nouvelle interaction culture/élevage existent. Mais ils ne sont pas nombreux et les échecs sont fréquents.