Nourrir une plante, c’est aussi nourrir la vie rhizosphérique

La rhizosphère joue un rôle essentiel dans l’assimilation des éléments minéraux par les plantes. © Pixel6TM

L’Agroforum organisé pour la coopérative Agora s’est tenu au début du mois de février 2023. À cette occasion, Alain Kleiber, référent nutrition végétale au sein du laboratoire Auréa a mis en lumière l’impact du stress hydrique sur les cultures :

« Nous avons évalué l’évolution des teneurs minérales des feuilles de grandes cultures depuis 1985 sur les analyses effectuées entre mars et mai, c’est-à-dire sur céréales à paille quasi-exclusivement. »

Les résultats permettent d’appréhender l’évolution des teneurs minérales et du flux hydrique dans les plantes. Alain Kleiber révèle ainsi :

  • « L’azote et le fer voient leur teneur baisser de manière tendancielle dans les végétaux depuis
    35 ans. Cette baisse n’est cependant pas significative.
  • En revanche, pour le potassium, le manganèse et le bore, la baisse est très significative.
    Pour le potassium, par exemple, la baisse est en moyenne de 3 à 4 % par an depuis 35 ans.

Ces trois derniers éléments, ainsi que l’azote, entrent dans la plante de manière passive. Ils suivent l’eau pour être assimilés par la plante. 65 à 85% de leur présence dans le végétal s’explique par ce mécanisme. Ils sont donc de très bons indicateurs du flux hydrique dans la plante. »

Ces baisses s’expliquent en grande partie par l’évolution climatique, et en particulier les stress hydriques induits sur la période de prélèvement.

Les risques ? Une moindre concentration en certains éléments minéraux peut entraîner des carences vraies ou induites, ainsi que des déséquilibres entre les éléments. Ces derniers peuvent expliquer qu’une plante est moins robuste face à un bioagresseur.

La vie rhizosphérique indispensable à la fertilisation des cultures

Avant d’améliorer la teneur des plantes avec les différents éléments minéraux, il est important de s’assurer que c’est possible. Pour cela, Alain Kleiber met en avant plusieurs étapes :

  • La première est de vérifier leur présence dans les sols. Il n’y a pas de secret, le premier outil c’est l’analyse de terre.
  • Ensuite, il est important de connaître les conditions qui entrent en jeu dans la disponibilité des éléments présents dans le sol pour les plantes. En effet, « pour les sols affichant un pH supérieur à 8, un risque de blocage du phosphore et des oligo-éléments existe ».
  • La troisième étape consiste à vérifier la bonne assimilation des éléments
    par les plantes. Alain Kleiber questionne : « Les éléments sont-ils bien entrés dans le végétal ? » Répondre à cette question, c’est se renseigner sur l’efficacité racinaire des plantes (profondeur d’enracinement, densité du chevelu racinaire et répartition spatiale).

Il n’est plus possible aujourd’hui de parler de nutrition des cultures sans évoquer au minimum l’efficacité du système racinaire et de la vie rhizosphérique qui l’entoure. Les racines cohabitent avec un ensemble de microorganismes dans le sol qui leur sont indispensables pour assurer la bonne alimentation de la plante.

Nourrir une plante, c’est aussi nourrir la vie rhizosphérique qui l’entoure. Ceci est d’autant plus vrai pour les éléments minéraux dont la pénétration dans les racines est active. Contrairement aux éléments cités en début d’article, ils nécessitent une dépense d’énergie pour la plante. C’est le cas du phosphore, du calcium, du magnésium, du fer et du zinc.

Ces éléments ont besoin d’être liés à des molécules produites dans la rhizosphère pour pénétrer dans les racines. Ce mode d’assimilation explique entre 60 et 80 % de la présence des éléments minéraux précédemment cités dans les tissus des plantes.

Cette assimilation est directement liée à l’activité de la vie rhizosphérique, donc à l’activité du sol et de sa matière organique. La nutrition minérale intéresse donc autant la vie du sol et la matière organique que la plante elle-même.

Les rapports entre éléments à surveiller

La dernière étape selon Alain Kleiber est de vérifier les équilibres entre certains éléments minéraux dans la plante directement avec la réalisation d’analyses de sève.

  • Le rapport azote/phosphore. Les deux étant antagonistes, si l’analyse révèle un végétal très riche en phosphore, cela signifie qu’à un moment ou à un autre de son développement la plante a été déficitaire en azote.
  • Le rapport azote/calcium est aussi un bon indicateur. Le premier participe à l’élongation des tissus et le second à leur structuration. L’assimilation du calcium étant plus difficile que celle de l’azote, un rapport élevé signifie que la plante a eu une croissance rapide et peut-être pas suffisamment structurée. Elle risque donc d’être plus sensible à la verse et à la pénétration des bioagresseurs dans ses tissus.
  • Le rapport azote/potassium doit nécessairement être équilibré. L’excès de l’un limite forcément l’efficacité de l’autre. L’analyse de ces résultats permet de réagir avant que les symptômes apparaissent sur la culture. Cela évite ou limite ainsi l’impact d’une déficience ou d’un excès sur le potentiel de la culture.

 

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