Des algues pour réduire les doses de fongicides sur céréales

De gauche à droite: Cédric Clochard, Kévin Bouquet, agriculteur utilisateur d'AlgoMel Push, et François Bienaimé. Crédit photo: O. Lévêque

En trois ans, le négoce Lamybienaimé (Deux-Sèvres) a déployé un biostimulant à base d’algues pour réduire les fongicides chimiques sur 25% des surfaces en céréales à paille de ses clients. Cette année, 1.000 ha de tournesols doivent aussi bénéficier de cette solution alternative, qui vise une diminution des IFT sans pénaliser les rendements.

Depuis trois ans, Kévin Bouquet, agriculteur sur 250 ha à Brioux-sur-Boutonne depuis 2016, emploie des algues pour réduire les fongicides chimiques sur l'ensemble de ses blés et orges: "Cela m'a permis de réduire de 50% les doses de fongicide au T1, avec la même efficacité. Quand on peut réduire les phyto, tout en gardant une protection contre les maladies, je suis pour."

Les biostimulants AlgoMel Push de la société Olmix, à base d’algues rouges et brunes, sont notamment proposés par son négoce Lamybienaimé (65M€ de CA, 13 sites de collecte, 125.000 t de collecte, 1.000 comptes clients). "Quand nous avons lancé ce produit en 2020, nous ne pensions pas arriver à protéger 3.500 ha de céréales à paille après trois ans, soit 25% de nos blés et orges, s'est félicité Cédric Clochard, technico-commercial et directeur du site de Lusseray pour le négoce Lamybienaimé. Désormais, nous visons 4.500 ha l’année prochaine!"

Cette solution répond notamment aux enjeux de production sous label (HVE notamment), aux surfaces en Maec (mesures agroenvironnementales et climatiques) ou tout simplement aux producteurs souhaitant réduire leurs traitements, en accord avec les attentes sociétales. Sans oublier les bios. "Les algues sont homologuées en AB et, jusque-là, il n’existait quasiment pas de solutions pour protéger les céréales des maladies", poursuit François Bienaimé, responsable en productions végétales pour le négoce familial, qui précise que des essais ont été menés: "Nous avons fait le choix de référencer ce produit à base d’algues à notre gamme, car nous avons pu observer des effets positifs sur les cultures, davantage qu’avec des solutions à base de soufre face aux maladies."

Ces biostimulants sont à apporter en pulvérisation foliaire au moment des traitements fongicides T1 lorsque les maladies sont moins pénalisantes, et pour ceux qui le souhaitent en T2 également. "Le produit est à apporter en même temps que le fongicide, à 1 l/ha, ce qui permet de réduire de moitié la dose du traitement chimique sur blés et orges, voire en remplacement total à 2 l/ha si la pression maladie est limitée. Ce produit agit comme un stimulateur de défense naturelle, avec une action préventive contre les pressions fongiques, et il donne un coup de boost aux cultures grâce aux oligoéléments. Si les algues sont bénéfiques, elles doivent être vues en appui, et non en remplacement de la chimie, pour des pressions maladies élevées", souligne Cédric Clochard, qui reconnaît que la solution rassure les producteurs dans la réduction de doses d’intrants grâce à une solution complémentaire. Économiquement, les producteurs s’y retrouvent lors de l’apport au T1, selon le négoce. "Avec un passage à 15 €/ha d’algues rouges au premier fongicide, accompagné d’une baisse de 50% du phyto, en particulier contre septoriose, mais aussi contre helminthosporiose et oïdium, le coût revient au même, indique François Bienaimé. Pour l’apport d’algues brunes au T2, le coût est légèrement plus élevé."

Bientôt des essais sur pois, féverole et colza

Lancé cette année sur tournesol, l’apport d’algues en protection des maladies tournesols, à 1 l/ha au stade 10-12 feuilles, toucherait 1.000 ha chez le négoce deux-sévrien, soit 22% de la sole semée avec l’oléagineux. "L’enjeu est de protéger contre le sclérotinia et phomopsis", poursuit le conseiller, avec l’enjeu de maîtriser d’éventuelles pressions sanitaires face à une culture qui monte. Des essais sur féverole et pois, mais aussi sur colza, devraient avoir lieu l’année prochaine également.

"Ce produit répond aux enjeux de réduction des phyto tout en maintenant une protection des cultures, mais il exige une technicité accrue, conclut Cédric Clochard. En effet, il convient d’anticiper l’apport d’algues pour contrer les maladies, avec un effet 100% préventif, quand les fongicides classiques agissent en curatif. D’où l’intérêt d’accroître ses observations dans ses champs pour ne pas louper le bon créneau."

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