Les espaces-test agricoles font leurs preuves

En 2023, ce sont plus de 350 porteurs de projets qui étaient impliqués sur des espaces-test en France. Pour 2024, ils devraient approcher les 400.

Crédit photo Reneta
Offrir la possibilité à de futurs agriculteurs et agricultrices de confronter leur projet au terrain ? Voici l’ambition des espaces-test, depuis 2007. Plus de 1.500 personnes y ont eu recours, avec 75 % d’installations à la clé. Si le réseau Reneta se félicite des avancées sur le « droit à l’essai », il souhaite un soutien accru aux espaces-test pour attirer de nouveaux publics vers l’agriculture.

« La reconnaissance des espaces-test est vraiment bien meilleure depuis quelques années », se réjouit Jean-Baptiste Cavalier, coordinateur national du Réseau national des espaces-test agricoles (Reneta), fondé en 2012. La structure totalise aujourd’hui 86 membres dont 65 espaces-test en fonctionnement, et 16 en projet.

Certains sont portés par des structures privées (associations de développement agricole et rural, coopératives, chambres d’agriculture…), d’autres par des collectivités, particulièrement depuis le passage de la loi Notre et des programmes alimentaires territoriaux (PAT).

Deux modèles sont possibles : des lieux test permanents (environ 60), notamment sur des fermes collectives où viennent se former de futurs agriculteurs et agricultrices ; et d’autres éphémères (plus de 300), où une personne se teste sur une à trois saisons agricoles, avant de s’installer sur place.

Jean-Baptiste Cavalier est le coordinateur national de Reneta, Réseau national des espaces-test agricoles fondé en 2012.
Crédit photo : Reneta

Des agriculteurs peuvent proposer une partie de leurs surfaces comme lieux test. « Cela est parfois fait dans une logique de transmission-installation, ou tout simplement pour mettre le pied à l’étrier d’un jeune intéressé par l’agriculture ! indique le coordinateur. Nous avons des espaces-test sur l’ensemble du territoire français, y compris outre-mer. Mais certaines régions, comme le Grand Est, sont moins pourvues, avec une demande plus limitée en projets. Nous n’avons pas vocation à essaimer les espaces-test partout, mais bien à accompagner les réalisations là où il y a une demande », insiste le responsable Reneta.

400 porteurs de projet en 2024

En 2023, ce sont plus de 350 porteurs de projets qui étaient impliqués sur des espaces-test. Pour 2024, ils devraient avoisiner les 400. « Certains espaces-test n’accueillent parfois qu’un ou deux porteurs de projets, quand d’autres atteignent 40 personnes ! » poursuit le coordinateur.

Les espaces-test mettent à disposition un cadre légal d’exercice du test (par un contrat), des moyens de production (foncier, matériel…) ainsi qu'un dispositif d’accompagnement et de suivi. Le test d’activité se fait majoritairement avec le statut « CAPE » : contrat d’appui aux projets d’entreprise.

Ce contrat d’un an est renouvelable deux fois. Il permet aux personnes en test de continuer à toucher leurs revenus sociaux (chômage, RSA) tant qu’ils ne se rémunèrent pas.

Le test d’activité peut également se faire, plus rarement, sous statut stagiaire de la formation professionnelle, ou encore en cotisant solidaire, selon les situations. « Les personnes peuvent toucher les aides PAC par leur espace-test, mais ne percevront pas les aides individuelles, comme la DJA ou le crédit d’impôt bio, car ils ne bénéficient pas du statut d’exploitant agricole », poursuit-il.

75 % d’installations agricoles

Depuis les premiers espaces-test en 2007, Reneta avance le chiffre de 1.500 personnes passées par ce schéma. « Nous estimons que 75 % d’entre elles ont concrétisé leur création de ferme », indique Jean-Baptiste Cavalier, évoquant la création d’un observatoire des espaces-test pour suivre en détail les retombées.

Lors des années de test, 15 % abandonnent. Pour ceux qui choisissent de ne pas s’installer, 10 % s’orientent vers du salariat agricole, après avoir validé le goût pour l’activité technique, mais ne souhaitant pas gérer leur propre entreprise. Les autres s’orienteront vers d’autres domaines ou choisiront d’approfondir la question agricole par d’autres biais.

Si le maraîchage reste encore la filière la plus représentée, avec 60 % des porteurs de projets, la diversification est croissante. 20 % des projets concernent d’autres filières végétales (vignes, arboriculture, PAM…). Les grandes cultures sont en hausse, essentiellement pour des projets de boulange-paysanne. Enfin, l’élevage concerne 10 % des espaces-test, allant des escargots aux bovins, en passant par les petits ruminants et les abeilles.

« Plus des deux tiers des porteurs de projets que nous accompagnons ne sont pas issus du milieu agricole. Les espaces-test sont d’ailleurs créés prioritairement pour ces profils, qui n’ont pas eu l’occasion de confronter leur appétence pour le métier d’agriculteur au terrain. L’enjeu est aussi d’avoir un rôle dans l’insertion sur un territoire, et de monter en compétences grâce aux échanges et à la transmission des savoirs. »

35 ans, diplômés, mixte

Les porteurs de projets ont en moyenne d’âge 35 ans, sont souvent diplômés, en reconversion, et sont à 50 % des femmes. « Cette proportion de femmes, bien plus élevée que la moyenne en installation agricole, sera à creuser ! » indique Jean-Baptiste Cavalier.

Si la reconnaissance des espaces-test progresse dans les différents territoires, Jean-Baptiste Cavalier attend un soutien plus fort des pouvoirs publics, notamment du ministère de l’Agriculture.

« Dans le projet de loi agricole, les espaces-test agricoles ont souvent été évoqués pendant les concertations. Il y est notamment abordé le "droit à l’essai" même si, pour nous, le test d’activité agricole va au-delà ! Il y a encore des freins à lever, notamment autour des droits à la formation auxquels pourraient prétendre les entrepreneurs à l’essai. Les quelques soutiens financiers publics sont aussi largement insuffisants, si l’on veut multiplier les expériences et s’engager plus fortement dans le renouvellement des générations en agriculture grâce aux espaces-test », termine le coordinateur Reneta.

>>> À lire aussi : L’espace-test agricole, un tremplin vers l’installation

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