Caractérisation des pieds manquants : le Mas numérique compare les solutions des industriels

Domaine du Chapitre, Institut Agro Montpellier

Rattaché à l'Institut Agro Montpellier, le Mas numérique teste les solutions numériques des industriels sur les vignes du domaine du Chapitre.

Crédit photo Mas numérique
Ce site de démonstration rattaché à l’Institut Agro Montpellier teste des services numériques commercialisés par 14 entreprises spécialisées dans l’agriculture connectée. Parmi les technologies étudiées figurent trois outils de caractérisation des pieds manquants ou improductifs.

Pour son premier « Demu » – Dispositif d’expérimentation mutualisé –, le Mas numérique a porté son choix sur la caractérisation des pieds manquants ou improductifs. « Cette problématique est fortement ressortie parmi les préoccupations de nos partenaires filière, explique Romain Girardot, le nouveau responsable du site de démonstration (lire par ailleurs). Il y a un vrai enjeu à avoir une visibilité sur ce taux pour mieux piloter son vignoble ». Suite à un appel à participation, la structure a réuni trois fournisseurs dont les outils de cartographie ont été testés tout au long de l’année sur le domaine du Chapitre, l’exploitation agricole (vignes, oliviers, grandes cultures et garrigues) de l’Institut Agro Montpellier.

Deux technologies ont ainsi été déployées. D’un côté, un capteur piéton (Aptimiz) et, de l’autre, de la télédétection par drone ou par avion (Vineview et Chouette). Le premier s’appuie sur des boîtiers connectés dont la fonction première est de suivre l’avancée des ouvriers viticoles. Ces derniers peuvent aussi s’en servir pour envoyer des informations géolocalisées sur l’état du vignoble, et notamment signaler les pieds manquants. Pour ce qui est de la télédétection, Vineview repère les ombres portées des pieds de vigne, tandis que Chouette observe le couvert végétatif et le compare, grâce à un algorithme, à des modèles agronomiques.

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Comparaison quantitative et qualitative

« Nous avons demandé à ces trois fournisseurs de faire trois passages dans la saison afin d’avoir différents stades phénologiques, indique Romain Girardot. De notre côté, notre technicienne a réalisé plusieurs relevés grâce à un boîtier GNSS RTK Centipède. C’est un capteur piéton géolocalisé au centimètre, donc très précis. » Cette « source de vérité » permet à l’équipe du Mas numérique d’évaluer la pertinence des trois autres outils. Lors d’un passage, la télédétection par drone n’a repéré qu’un tiers des pieds manquants ou improductifs constatés par la technicienne du Mas numérique.

Relevé des pieds manquants par capteur piéton au domaine du Chapitre (Institut Agro Montpellier)
Le Mas numérique a réalisé par capteur piéton son propre relevé de pieds manquants ou improductifs. Il peut ainsi le comparer aux résultats des industriels.
Crédit photo : Mas numérique

« L’idée n’est pas de dire “cette technologie est médiocre ou ne fonctionne pas”, prévient le responsable. Il y a un contexte de déploiement à prendre en compte. » L’expérimentation a ainsi montré que selon la technologie utilisée, il vaut mieux faire passer un drone en mars, lorsque la végétation est encore limitée, plutôt que fin mai, quand elle est bien développée et peut potentiellement recouvrir les pieds manquants ou improductifs.

D'autres critères aident le Mas numérique à mettre en perspective les résultats purement quantitatifs : la répartition des tâches entre le prestataire et le client, le temps consacré par ce dernier pour utiliser l’outil et les compétences dont il doit disposer, le débit de chantier, le délai de livraison des résultats et évidemment, le coût de la prestation.

Résultats en libre accès

« Nous essayons d’apporter du recul à la profession en étant transparents sur la manière dont nous utilisons les solutions et en présentant des faits objectifs, souligne Romain Girardot. Le capteur piéton prend du temps parce qu’il faut arpenter les parcelles, le drone va beaucoup plus vite, mais il a un coût et il demande des compétences. C’est à chaque exploitation de se faire une idée en fonction de ses contraintes. » Les résultats, auxquels les fournisseurs vont apporter des commentaires, seront bientôt en libre accès sur le site Internet du Mas numérique.

Low-tech, Mobilab et autoconstruction

À côté des solutions high-tech proposées par les industriels, le Mas numérique fait découvrir la culture low-tech au travers du Mobilab, un fab-lab mobile qui se déplace auprès des exploitants viticoles et agricoles de l’Hérault. « L’idée est de montrer une panoplie d’outils numériques – imprimante 3D, capteurs d’humidité, systèmes de flotteurs pour contrôler l’irrigation – qui peuvent répondre à certaines problématiques du métier », explique Romain Girardot.

Le Mas numérique diffuse également cette culture low-tech au travers de l’autoconstruction. Des tutoriels et des ateliers sont proposés afin de construire soi-même des capteurs et des bases Centipède RTK permettant d’améliorer la précision de localisation des équipements connectés. En outre, le projet Casdar a pour but de créer un système autoconstruit d’autoguidage en seconde monte pour faciliter le désherbage du vignoble.

Un tel outil coûte aujourd’hui entre 10.000 et 20.000 €. Le Mas numérique aimerait mettre à disposition un système autoconstruit pour un coût d’environ 2.000 €. Lancé en 2022 en partenariat avec l’IFV, la chambre d’agriculture de l’Hérault et le Vinipôle Sud Bourgogne, ce projet dispose de 3 ans pour aboutir à un prototype viable.

Le Mobilab, le fab-lab mobile du Mas numérique, se déplace auprès des agriculteurs et des viticulteurs afin de les sensibiliser à l'utilisation d'outils numériques low-tech.

Crédit photo Mas numérique

 

Le Mas numérique, une exploitation hyperconnectée

Initié en 2016, le Mas numérique est une exploitation agricole d’une centaine d’hectares installée sur le domaine du Chapitre de l’Institut Agro Montpellier. Sa vocation est double : former les étudiants à l’utilisation du numérique en agriculture et guider les professionnels du monde agricole, et principalement viticole, dans l’utilisation des nouveaux services numériques disponibles sur le marché.

La structure travaille avec 14 industriels1 du secteur vitivinicole qui mettent à disposition leurs solutions connectées. « Le domaine du Chapitre comprend 35 ha de vigne en production et l’idée est de positionner ces solutions à chaque étape de l’itinéraire technique pour apporter du recul à la profession sur ces services, décrit Romain Girardot. Nous travaillons sur deux axes de démonstration qui sont le rendement et la protection du vignoble. Il y a donc des stations météo connectées, des outils de prédiction de maladies, des pièges à insectes connectés, des outils de gestion de la productivité ou encore des cartographies. Nous allons jusqu’à la partie cave avec un pressoir et des cuves connectées. » Côté financements, le Mas numérique bénéficie du mécénat de 9 partenaires filières à qui il rend compte de ses résultats2.

(1) Vivelys, Aptimiz, Bayer, Scanopy, Fruition, Trapview, ICV, IFV, Orange, Permagro, Topcon, TerraNIS, les chambres d’agriculture d’Occitanie, Pellenc.

(2) Agrosud, Arterris, les vignobles Foncalieu, les Grands Chais de France, Grands Domaines du littoral, Gérard Bertrand, Hennessy, Alliance Loire, Advini.

 

 

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