Coopéara veut relocaliser les protéines végétales destinées à l’alimentation animale

Les clés de la réussite du projet Coopéara ont été présentées lors de l'assemblée générale de LCA Auvergne-Rhone-Alpes,  mi avril 2024. 

Crédit photo LCA Aura
Mettre autour de la table 16 coopératives et 7 partenaires techniques sur un sujet à enjeux, cela ne coule pas de source. Mais Coopéara l’a fait, avec l’objectif de reprendre la main localement sur l’origine des tourteaux utilisés en alimentation animale. Toute une filière régionale est en construction.

« Notre projet Coopéara est très regardé par d’autres régions, c’est un laboratoire à bonne échelle », affirme Jérémie Bosch, chef de projets à La Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes. Et pour cause ! Vouloir relocaliser la chaîne d’approvisionnement en protéines végétales pour servir l’alimentation animale locale est un défi alors que la France importe plus de 90 % de ses besoins en soja.

Ce consortium Coopéara a été présenté à l’occasion de l’assemblée générale de La Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes, tenue ce 12 avril à Champagne-au-Mont-d’Or.

Réduire l’importation de tourteaux de soja de 95 % à 59 %

Son objectif ? Produire, dès 2024, 70.000 tonnes de graines supplémentaires, assurer leur trituration en 45.000 tonnes de tourteaux qui entreront dans les recettes des fabricants d’alimentation du bétail. Tout cela à l’échelle de la région. Environ 16.000 associés coopérateurs en bénéficieront. « On aimerait réduire de 95 % à 59 % l’importation de tourteaux de soja d’ici quatre ans », chiffre Jérémie Bosch. 

La Coopération Agricole Auvergne-Rhône-Alpes a aussi chiffré que « les économies de transport, le recours aux légumineuses et la réduction d’utilisation d’engrais de synthèse engendreront une baisse d’émission de gaz à effet de serre estimée à 10.620 tonnes équivalent CO2/an ».

Financé par France Relance 2030

Avec un budget de 3 millions d’euros et soutenu par France Relance 2030, Coopéara a nécessité trois années d’ingénierie nécessaires pour rassembler toutes les parties prenantes, notamment 7 organismes techniques, publics ou privés, et 16 coopératives. « Tous les maillons de la filière sont impliqués, de la production de semences, des cultures, de la transformation et jusqu’à la valorisation », précise Jérémie Bosch.

Un projet structuré en cinq lots

Lot 1 : développer la production régionale de protéines destinées à l’alimentation animale.

Lot 2 : augmenter l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevage.

Lot 3 : valoriser la garantie d’origine sur le marché.

Lot 4 : diffuser et valoriser les résultats issus de travaux.

Lot 5 : coordonner et animer le projet de façon globale.

Doper la sole régionale de soja et de tournesol

L’assolement de la région doit donc évoluer pour laisser davantage de place au soja et au tournesol tout en maintenant la sole de colza jugée assez développée à ce jour. D’ici quatre ans, Coopéara doit donc accroître la surface de soja de 15.000 hectares et celle de tournesol de 4.000 hectares. « Nous ne sommes pas un cluster soja », insiste Yannick Dumont, président de Jura Mont Blanc et élu référent de ce projet.

« Nous identifions les zones pédoclimatiques et agronomiques qui permettent ces cultures », précise Jérémie Bosch. Des plateformes aux champs sont organisées pour démontrer la pertinence technico-économique aux agriculteurs. Par exemple, l’Ucal organise les visites techniques de son réseau d’essais les 29 et 30 mai et Oxyane le 12 juin.

En parallèle, un réseau de 58 fermes pilotes – dont 27 en production laitière – a été mis en place. En lien avec 11 techniciens de coopératives, l’Institut de l’élevage et le contrôle laitier, elles testent les solutions agronomiques et zootechniques pour mieux les déployer ensuite.

Trois usines de trituration

Le projet Coopéara doit aussi doper les outils de trituration locaux. L’usine de l’Ucal a mis en route ses presses voilà 18 mois, celle de Nutralp sera quant à elle inauguré ce 13 juin, et le dernier projet, chez Oxyane, est en cours de construction.  

  • Nutralp écrasera 15.000 tonnes de grain, voire 20.000 tonnes en capacité maximale ;

  • l’Ucal transforme déjà 30.000 tonnes et prévoit de doubler ses capacités d’ici deux ans ;

  • Oxyane devrait lancer ses presses en 2025 pour écraser entre 25.000 à 30.000 tonnes chaque année.

Les prémices d’une massification des filières en protéines françaises

Pour Benoît Julhes, élu référent de Coopéara, « si chaque usine peut mener son projet de manière individuelle, la plus-value de notre projet est de mettre toutes les coopératives autour de la table et de les faire coopérer dans une dimension filières ». Et d’insister : « Ce projet est transférable ! Chaque maillon de ce projet, de l’amont à l’aval, peut se développer en s’appuyant sur des compétences des autres maillons à l’échelle de la région. »

Ce projet régional sème ainsi les prémices d’une massification des filières d’approvisionnement en protéines françaises pour l’alimentation animale. Et Patrice Dumas, président de LCA Aura, de conclure : « Se mettre en chemin vers la souveraineté alimentaire nous mènera forcément vers davantage de résilience. »

La Coopération Agricole Auvergne-Rhône-Alpes en 2023

  • 125 adhérents
  • 18.000 salariés  
  • 8,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 10 % de l’activité nationale des coopératives agricoles françaises

Consulter le rapport d’activités de 2023.

 

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