« Dans les Hauts-de-France, la directive nitrate adoptée en 1991 et les efforts mobilisés par la profession agricole ne suffisent pas à améliorer la qualité de l’eau », affirme Marion Delesalle-Duflos, cheffe du programme gestion de l’azote et qualité de l’eau pour Agro-Transfert Ressources et Territoires. Cette association développe des innovations au service de l’agriculture régionale. C’est elle qui est à l’origine du projet Gazelle.
Ce projet, né en 2020, s’attache à concevoir une démarche outillée pour accompagner les agriculteurs dans leur gestion de l’azote et ainsi améliorer la qualité de l’eau sur le territoire.
Qualité de l’eau : prioriser les résultats
« Notre démarche consiste à fixer avec les producteurs des objectifs de résultat et à leur fournir une gamme d’outils pour y parvenir », précise la responsable du programme.
À titre expérimental, quatre groupes pilotes de huit agriculteurs se sont engagés pour éprouver la démarche.
Gazelle, construire un projet de groupe
L’accompagnement des agriculteurs débute par un diagnostic initial de chaque parcelle suivie au sein du collectif. Ce bilan, réalisé notamment à partir de Syst’N®, un outil conçu par l’Inrae, estime les pertes azotées d’un système de culture. Cet outil se base sur la description de la rotation, l’itinéraire technique et le sol de la parcelle ainsi que sur les données météorologiques locales.
À partir de ce diagnostic, le groupe construit un projet qui lui est propre. « Ce projet de groupe est traduit en un tableau de bord qui fait le lien entre les objectifs fixés et les actions testées. Des phases d’animation sont alors planifiées. Elles se déclinent sous la forme d’interventions d’experts, d’ateliers, de témoignages d’agriculteurs et aussi de tours de plaine », détaille Marion Delesalle-Duflos.
Opter pour une stratégie personnalisée
Pour répondre aux orientations fixées dans le tableau de bord, les producteurs choisissent les pratiques qu’ils mettent en œuvre : « La finalité de Gazelle est de guider les producteurs à créer leur propre stratégie pour limiter les pertes azotées, adaptées à leur système, leur sol et leur exploitation », explique la responsable du projet.
Évaluer l’effet des pratiques avec le RDD
En fin d’année, des analyses de reliquat d’azote en début drainage (RDD) sont réalisées. Cet indicateur correspond à la quantité d’azote minéral disponible dans le sol, en kg N/ha, au début de la période de drainage en fin d’automne - début de l’hiver.
Il est une aide précieuse pour comprendre la dynamique de l’azote dans le sol durant la campagne précédente et l’efficacité des pratiques mises en œuvre. De plus, il évalue le risque de pertes d’azote minéral par lixiviation.
Innover pour piéger plus de nitrate
À ce jour, les quatre groupes pilotes ont mis en place leur deuxième tableau de bord. Il est encore trop tôt pour faire le bilan de ces années tests sur les résultats qualité de l’eau.
« Les agriculteurs proposent des actions et sont acteurs de la démarche. L’effet de groupe les pousse à innover. Certains d’entre eux ont implanté des intercultures courtes innovantes ou ont modifié leur rotation pour piéger plus de nitrate. Rendez-vous à la mise à jour du prochain tableau de bord, après la période de drainage, pour voir les résultats obtenus », conclut Marion Delesalle-Duflos.
