Gérer l'herbe: ne pas se fier aux dates

L'observatoire de la ressource fourragère du Massif central montre qu'entre 2011 et 2013, il y a eu pratiquement un mois d’écart pour la réalisation d’un même stade repère d'exploitation de l'herbe. Photo: L.Theeten/Pixel Image

Avec l’appui de quatre conseillers techniques, Bernard Rebière, directeur de la chambre régionale d'agriculture du Limousin, assure la coordination de l’observatoire de la ressource fourragère du Massif central(1):

Les trois premières années de fonctionnement de l’observatoire montrent bien l'intérêt d'un tel suivi: chaque année est exceptionnelle, et d'ailleurs l'année 2014 s'annonce encore bien différente de 2013. L'objectif de la mise en place de l'observatoire était de mobiliser les départements du Massif central afin qu’ils puissent faire des retours d’information réguliers aux éleveurs: le but est de les aider dans la gestion des prairies. Il s’agit d’exploiter l’herbe au bon stade, et d’éviter le gaspillage.

Les résultats incitent à s'intéresser aux stades et aux sommes de température pour gérer l'herbe, plutôt qu'à se baser sur des dates.

Deux types d'informations

L’observatoire traite deux types d'informations: des données qui évaluent l’état de la ressource fourragère à des périodes clés de la gestion de l'herbe, et des données qui évaluent à ces mêmes périodes l’utilisation de la ressource fourragère par les éleveurs. Elles font l'objet de notes diffusées régulièrement aux éleveurs ou aux techniciens.

Le premier niveau s'appuie sur des données météorologiques issues d'un réseau de 35 stations Météo France du Massif central: pluviométrie, températures, ETP estimée (évapotranspiration potentielle). Elles permettent par exemple de qualifier la précocité ou la tardiveté de la campagne fourragère.

►Le second niveau s'appuie sur des données qualitatives recueillies auprès d'un réseau de 47 exploitations d'élevage (bovin majoritairement) du Massif central: état des stocks en entrée et sortie d'hiver, date de mise à l'herbe, date des fauches, rendements, etc.

Un mois d'écart pour la réalisation d'un même stade

L'observation des données météorologiques donne des résultats très différents d'une année à l'autre. Stéphane Violleau (chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme) décrit:

2011 était une année très précoce. Au début du printemps on observait 5 à 10 jours d’avance. Plus tard dans l'année, il y avait même pratiquement 15 jours d’avance par rapport à la moyenne sur dix ans. Au contraire, 2013 a été une année extrêmement tardive, avec 10 à 15 jours de retard selon les stades.

Entre les deux extrêmes, 2011 et 2013, il y a donc eu pratiquement un mois d’écart pour la réalisation d’un même stade repère.

D'où l'importance de fournir très régulièrement des données aux éleveurs, basées notamment sur les sommes de température. On voit bien que se baser sur une date moyenne ne veut rien dire.

Des données qui diffèrent selon l'altitude ou le système d'exploitation

En 2011, au stade 300°C, il y avait moins de 5 jours d’avance en plaine tandis qu'il y avait presque 20 jours d’avance en montagne. Puis au stade 750°C, l'écart plaine-montagne s'est réduit.

Une année peut être différemment précoce selon l’altitude et le stade, explique Stéphane Violleau. D'où, là encore, l'importance de publications régulières et qui présentent les résultats zone par zone aux éleveurs.

Les données recueillies auprès des exploitations montrent qu'il faut aussi distinguer les résultats selon le système de production:

En système allaitant, la mise à l’herbe est généralement plus tardive que dans les exploitations laitières. Si les éleveurs laitiers, qui doivent rentrer les vaches pour la traite, peuvent facilement faire une transition avec le fourrage distribué en bâtiment, dès lors qu’il faut sortir un troupeau avec vaches et veaux, les éleveurs allaitants ont tendance à attendre d’avoir une ressource en herbe suffisante. On note cependant une progression en système allaitant, avec des mises à l’herbe qui approchent les 300°C en 2013.

Des mises à l'herbe de plus en plus précoces?

Stéphane Violleau revient sur les résultats (tout système confondu) du graphe précédent:

Les résultats de l'observatoire montrent que les mises à l’herbe sont de plus en plus précoces. Alors que les techniciens incitent les éleveurs à mettre à l'herbe suffisamment tôt, on peut donc se dire que leur message passe bien. Mais on peut nuancer cette observation. Certes, les éleveurs ont déjà mis à l’herbe tôt en 2011, mais l’année était tellement précoce que du point de vue sommes de températures ils étaient tout de même un peu en retard. En 2012, ils étaient dans la moyenne. Et en 2013, l’année était tellement tardive qu’il a bien fallu sortir les animaux à un moment donné car les stocks de fourrage se réduisaient de plus en plus.


(1) L’observatoire de la ressource fourragère du Massif central fonctionne depuis 2011 et constitue le deuxième axe de travail du groupe herbe Massif central. Ce groupe est également né en 2011, et est coordonné par le Sidam (Service interdépartemental pour l’animation du Massif central).
Les résultats de l'observatoire ont été présentés lors du troisième colloque du groupe herbe Massif central qui s'est tenu le 13 mars 2014 à Vetagro Sup (site de Lempdes, Puy-de-Dôme).

Aller plus loin:
►Observatoire de la ressource fourragère du Massif central, résultats détaillés:
- campagne 2011
- campagne 2012
►Le diaporama sur l'observatoire de la ressource fourragère du Massif central, présenté lors du troisième colloque du groupe herbe Massif central.
Lait's Go spécial Pâturage, février 2014 (publication technique de Fidocl Conseil Elevage)

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