« Il y a deux grandes typologies de protéines : les protéines végétales qui représentent deux tiers de la consommation et les protéines animales (1/3). Il y a actuellement beaucoup de communication, autour des protéines végétales, mais il y a de la place pour tout le monde. Les protéines de lait sont particulièrement qualitative », a introduit Hervé Gasnier, directeur R&D chez Ingredia.
Maximiser le revenu grâce au TP
Dans ce contexte, Ingredia souhaiterait produire plus de protéines sans augmenter la collecte ni la capacité de production. Une solution : augmenter le taux protéique dans le lait.« Un lait riche en TP a un impact positif sur le chiffre d’affaires du lait », appuie Laurianne Carbonnaux, consultante projet et stratégie chez Seenorest.
« Attention aux moyens mis en œuvre pour atteindre un niveau de TP élevé. Les leviers ont un coût. Il faut trouver le bon équilibre entre le produit et les charges. Il faut privilégier l’efficacité économique. »
La nutrition au service du TP
Les facteurs de variations du taux protéique sont multiples. Il y a des facteurs sur lesquels il est difficile d’agir : la race, la génétique, l’effet saison, le stade de lactation. Le principal levier sur lequel peut agir l’éleveur est la nutrition.« Les ruminants valorisent mal les protéines : sur 100 % de protéines ingérées, on retrouve en moyenne 30 % de protéines dans le lait. L’énergie, la qualité et la quantité de protéines ingérées sont les principaux facteurs limitants du taux protéique du lait. Il y a des moyens pour augmenter l’efficacité protéines » explique Jérôme Larcelet, consultant nutrition chez Seenorest.
- une densité énergétique comprise entre 0,90-0,95 UFL/kg MSI ;
- équilibre énergie/azote : PDI/UFL compris entre 100 et 110.
« Si on apporte une UFL en plus des besoins on a une réponse de 0.6 g/kg de TP. L’apport d’énergie est indispensable pour améliorer le TP. »
Penser acides aminés de synthèse
Rappelant rapidement le fonctionnement digestif de la vache, Jérôme Larcelet rappelle :« Les acides aminés digestibles dans l’intestin (AADI) proviennent de la dégradation des protéines digestibles dans l’intestin, microbiennes (PDIM) et alimentaires (PDIA). La matière protéique du lait dépend des AADI disponibles. Le choix de la protéine apportée aux vaches est déterminant sur la production des AADI. Il faut trouver le bon équilibre entre protéines dégradables et protéines by-pass. Un correcteur azoté ne doit pas s’acheter par rapport à sa teneur en MAT mais par rapport à la source de protéines et acides aminés qu’il contient. »
L’apport de tourteaux tanné permet de booster l’apport d’AA indispensables.
« On ne peut pas couvrir les besoins en AA indispensables avec les fourrages et concentrés, le recours à des acides aminées de synthèse rumino-protégées est nécessaire », appuie Jérôme Larcelet.
Économiquement, il est, en outre, plus intéressant d’apporter AADI indispensables que de couvrir les apports avec les tourteaux. On ne peut pas augmenter trop la quantité de tourteau au risque saturer le rumen.
« On ne peut plus réfléchir une ration vache laitière performante et efficace sans s’intéresser aux AA. Les enjeux sont à la fois techniques, économiques et environnementaux », conclut Jérôme Larcelet.
Soigner la préparation au vêlage
Parmi les leviers d’action figure aussi le volet sanitaire. Stéphane Floc’h, vétérinaire conseil chez Seenorest, s’est attardé sur la cétose ou acétonémie, « une pathologie fréquente, coûteuse, avec de nombreuses conséquences ».La cétose impacte la fertilité (impact sur la reprise de l’activité ovarienne, mortalités embryonnaires et impact sur la qualité des ovocytes), l’immunité (facteur risque x3 pour les métrites, mammites, dermatites), favorise les boiteries et les déplacements de caillettes. L’impact financier n’est pas négligeable : 257 euros/cas. Le principal levier réside dans la préparation au vêlage.
« Il faut surveiller sur l’état corporel au tarissement : l’objectif est de 2,5 – 3 en début de tarissement et de 3-3,5 au vêlage. Il ne faut pas faire varier la note d’état corporel de plus de 0.5 points. »
« C’est le nerf de la guerre, le volume du rumen est le facteur limitant. Il faut apporter une ration fraîche tous les jours, privilégier les meilleurs fourrages et des fourrages fibreux, les brins doivent être inférieurs à 5 cm. »
Concernant un éventuel traitement, Stéphane Folc’h recommande d’évaluer le bénéfice/risque en fonction du pourcentage d’animaux atteints, du coût du traitement et du gain attendu. L’’éleveur peut choisir de traiter uniquement les animaux à risque ou réaliser un traitement systématique en début de lactation.