L’exposition des animaux aux antibiotiques tend à se stabiliser

À l’occasion de la Journée européenne d’information sur l’antibiorésistance, l’Anses publie le bilan du suivi de l’exposition des animaux aux antibiotiques, par le biais du suivi des ventes de médicaments vétérinaires, et du niveau de résistance des bactéries pathogènes des animaux.
 
En 2020, la quantité d’antibiotiques vendus en France continue de décroître, avec 415 tonnes sur l’année, contre 422 tonnes en 2019. Ceci correspond à moins d’un tiers de la quantité d’antibiotiques vendue en 1999 (1311 tonnes). Cependant, le tonnage d’antibiotiques vendus ne rend pas compte de l’exposition réelle des animaux aux antibiotiques : cela dépend de la posologie du médicament, de la durée d’administration et de l’évolution des populations des différentes espèces animales considérées. En tenant compte des recommandations d’emploi des médicaments étudiés et de l’estimation de la masse des populations animales, l’Agence a déterminé le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques.
 

L’exposition des bovins aux antibiotiques en légère hausse en 2020

Par rapport à 2011, début du plan Écoantibio visant à limiter le recours aux antibiotiques, l’exposition globale des animaux a diminué de 45,4%. Elle a reculé pour toutes les espèces : - 22,5% pour les bovins, - 55,5% pour les porcs, - 64,4% pour les volailles.
Toutefois, depuis ces dernières années, cette diminution semble avoir atteint une limite et l’exposition des animaux aux antibiotiques est stable voire en légère augmentation selon les espèces. Ainsi, si elle a continué à diminuer entre 2019 et 2020 pour les volailles et les porcs, elle a augmenté pour les bovins (+2,9%), les lapins ainsi que pour les chats et les chiens.
 

Une utilisation des antibiotiques critiques qui continue de diminuer

En revanche, l'utilisation des antibiotiques d'importance critique¹ recule toujours puisque, entre 2019 et 2020, l’exposition toutes espèces confondues aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de dernières générations a respectivement baissé de 9,3% et de 3,9%. Elle a d'ailleurs fortement diminué depuis 2013 : de 87,3% pour les fluoroquinolones et de 94,3% pour les céphalosporines de 3^e et 4^e générations. « Si, depuis 2017, la fréquence des traitements avec les antibiotiques d’importance critique est devenue très faible, il faut rester vigilant et surveiller cette évolution dans les prochaines années », souligne l’Anses.
 
Autre antibiotique surveillé de près, la colistine, pour laquelle des mécanismes de résistance transférables entre bactéries avaient été décrits. Cet antibiotique a vu son taux d’exposition diminuer de 66% par rapport au niveau de référence de 2014-2015. L’exposition a ainsi baissé pour toutes les filières, mais une augmentation de l’exposition à la colistine par voie orale a été observée chez les bovins au cours de l’année dernière.
 
 
(1) Certains antibiotiques sont considérés d’importance critique car ils sont les seuls ou parmi les seuls à pouvoir soigner des maladies graves chez l’homme