L’engraissement méthode champenoise

La région Champagne-Ardenne dispose des ressources alimentaires pour l'élevage de bovins. Photo : DR.
En Champagne-Ardenne, sur 25 000 broutards vendus par des cheptels naisseurs, seuls 10 000 sont engraissés dans la région. Le solde part à l’engraissement dans d’autres régions ou à l’export. En parallèle, la proportion de veaux laitiers engraissés en bœufs diminue depuis 3 ans malgré une demande de la filière qui reste soutenue.

À l’occasion de la foire de Châlons-en-Champagne 2014, Interbev Champagne-Ardenne et la chambre régionale d’agriculture ont réuni différents acteurs de la filière viande. Tous ont mis en valeur les atouts de la filière viande bovine française et régionale, mais restent conscients des leviers à actionner pour favoriser son développement.

La région Champagne-Ardenne a des atouts certains pour redynamiser la production de viande bovine selon Cécile Malvaux, présidente du groupe filière bovin viande du Comité régional élevage :

La région dispose de la ressource alimentaire pour l’élevage de bovins, avec 20% de sa superficie en pâturage et la production de pulpes notamment. Sans oublier les cinq abattoirs présents sur le territoire.

L’une des voies à développer est celle des circuits courts selon Alain Arnould, vice-président d’EMC2 Élevage. Il entend par ces mots l’organisation d’une filière locale comprenant des éleveurs dits «naisseurs» et des éleveurs dits «engraisseurs» de jeunes bovins, voire des éleveurs dits «finisseurs» pour les vaches de réforme.
Aux éleveurs s’ajoutent ensuite les abattoirs locaux et la distribution locale.

Contractualiser avec l'abattoir

Intermédiaires directs des éleveurs, les abattoirs connaissent les tendances des marchés à la consommation, le type de viande demandé ou encore le niveau d’engraissement adéquat. Or, l’organisation de la filière demande à être peaufinée pour sécuriser et assurer un revenu maximum aux éleveurs. En effet, seulement 20% de la production bovine sont structurés au sein de coopératives. D'après, Stéphane Milhit, directeur de l’abattoir Bigard de Vitry-le-François :

Les éleveurs doivent contractualiser l'engraissement avec les abattoirs. Cette solution permettrait de planifier les entrées et les sorties au sein de ces derniers et ainsi de lisser les approvisionnements et donc les cours. 

Quant aux enseignes de la grande distribution, autre maillon de la chaîne locale, Stéphane de Rango, directeur du Cora Cormontreuil près de Reims, l’atteste :

Il y a une vraie place pour la filière viande de bœuf issue des élevages de Champagne-Ardenne. Mais il existe une multi-consommation des acheteurs et un effet «ciseaux» sur les ventes de viande lors de promotions.

Si la promotion porte sur le poulet par exemple, les ventes augmentent au détriment de celles du porc. Sans oublier que la part de l’alimentation dans le budget d’un ménage ne cesse de baisser depuis cinquante ans. Stéphane de Rango étonne d’ailleurs par ces propos :

Un rayon boucherie en hypermarché perd de l’argent. À Cora Cormontreuil, les rayons produits frais sont déficitaires avec -8% en fruits et légumes, -4 à -6% en poisson et -2% en boucherie, alors que le rayon parfumerie est à +40% !

Dans cette optique de débouché local pour la viande champardennaise, Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardenne, évoque des pistes d’action envisageables. Il pense notamment à la création d’une marque régionale, solution déjà mise en place pour la filière volaille avec Les Éleveurs de la Champagne. La contractualisation avec les restaurants des lycées gérés par la région pour habituer les jeunes à une alimentation qualitative et locale, est une autre voie potentielle.
 

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