Pâturage tournant : une croissance en hausse pour les veaux charolais

Le pâturage tournant a également permis de réaliser de réelles économies de concentrés. CP : H.Grare/Terroir Est
La ferme de Jalogny, basée en Saône-et-Loire, conduit des travaux sur la complémentation hivernale des veaux mâles nés à l’automne. Elle se situe dans une zone herbagère en plein cœur du bassin charolais, au nord-est du massif central.
L’exploitation est conduite selon un système naisseur charolais herbager avec une production de maigres et de 140 vaches charolaises. La SAU est de 240 ha, dont 95 % sont conduits en prairie, principalement en praire permanente. 

« L’exploitation est structurée en deux productions. D’un côté, un troupeau est conduit en vêlages d’automne, avec des mises bas d’août à fin octobre. D’un autre côté, un second est conduit en vêlages de printemps, avec des mises bas de mi-février à début avril »,  détaille Jérémy Douhay de l’Institut de l’élevage, qui travaille au sein de la ferme de Jalogny.

Une croissance visée de 1 300 g/jour

Dans le système des vêlages à l’automne, l’objectif de l’exploitation est de mettre sur le marché des jeunes broutards de 380 à 400 kg vif, vendus fin juin à l’âge de neuf mois sur le marché italien. 
Dans cette optique, la croissance visée sous la mère entre la naissance et le sevrage est de 1 300 g/jour. Afin d’atteindre ce niveau, l’élément essentiel est d’assurer une bonne alimentation des mères afin qu'elles expriment au maximum leur potentiel laitier. 

« Dans ce contexte, nos travaux visent à répondre à deux grandes questions. La première est de savoir quel est le niveau optimum de complémentation du veau sous la mère durant la phase hivernale, explique Jérémy Douhay. La seconde est de pouvoir connaître quelle économie de concentrés peut être faite au pré grâce au pâturage tournant. »

Comparer deux niveaux de complémentation

Afin de répondre à ces deux interrogations, la ferme de Jalogny a déployé un dispositif expérimental mis en place sur des veaux mâles charolais nés à l’automne, durant le mois de septembre. Deux lots de douze couples mère-veau, allotés selon un certain nombre de critères comme le poids, l’âge du veau ou encore sa croissance jusqu’au début de l’expérimentation.

« En période hivernale, de novembre à mars, l’objectif est de comparer deux niveaux de complémentation avec, d'un côté,  un lot que nous avons conduit à un haut niveau de complémentation (à hauteur d'1,5 kg d’aliment pour 100 kg de poids vif), et, de l'autre, un lot conduit complémenté bas (à hauteur d'1 kg d’aliment pour 100 kg de poids vif )», précise Jérémy Douhay. 

Les animaux, en plus du lait de leur mère, reçoivent cet aliment appelé « mash »  dans deux quantités différentes : soit 1 kg, soit 1,5 kg. Ce mash fermier se compose de 50 % d’orge, de 25 % de pulpe de betterave déshydratée, de 23,5 % de tourteaux de colza et d'1,5 % d’AMV 3-25, un aliment distribué matin et soir. De plus, les veaux mâles ont également à disposition en libre-service un foin fibreux et appétant.

« L’idée, sur la phase hivernale, est de ne pas dépasser 4 kg de concentrés par tête et par jour pour le lot complémenté haut. Pourquoi ? Car le but est de ne pas pénaliser les croissances sur la phase de pâturage », ajoute Jérémy Douhay. 

Mise en place du pâturage tournant

Les années passées, il y avait un lot unique qui était regroupé sur deux grandes parcelles. En 2019, le choix a été fait de mettre en place le pâturage tournant avec deux lots maintenus séparés en pâturage tournant sur trois à quatre parcelles. En effet, les animaux tournent sur trois à quatre parcelles.
Cette technique de pâturage a été mise en place afin d’aider la ferme à caractériser plus finement les effets de la complémentation hivernale au pré, et, ainsi, de pouvoir voir si lot complémenté bas faisait de la croissance compensatrice ou non au pâturage. 
Autre paramètre à prendre en compte : pour les deux lots, les veaux au pâturage sont complémentés au nourrisseur, avec un plafond à 3 kg de mash par veau et par jour. 

Entre 33 et 40 ares par UGB 

Au sein de la ferme de Jalogny, les parcelles, qui sont en prairie permanente dans la plupart des cas, sont organisées autour de deux circuits de pâturage distincts. Chacun d'eux possède un lot de onze couples mère-veau, avec un chargement de 14,3 UGB par circuit. Le pâturage tournant mis en place est dit « simplifié » puisqu’il s’agit d’un pâturage tournant avec dans chaque circuit trois parcelles « lâcher » qui passe à quatre parcelles par circuit une fois la fauche de la quatrième parcelle réalisée.

« Le niveau de chargement est identique à chaque circuit, révèle Jérémy Douhay. Nous sommes avec 33 ares par UGB à la mise à l’herbe, puis 40 ares par UGB après l’agrandissement de la surface avec la quatrième parcelle. »

Par ailleurs, pour l’expérimentation, des mesures de hauteur d’herbe sont réalisées à chaque entrée et chaque sortie de parcelle. Cette année, la mise à l’herbe a eu lieu le 25 mars à une somme de température de 400 degrés jours.

Une croissance entre 1 600 et 1 700 g par jour par veau

Concernant les performances, sur la première année d’essai, la mise en place d’un pâturage tournant a permis une meilleure gestion de la qualité de l’herbe grâce à la maîtrise plus fine des hauteurs entrée et sortie. Cela a permis d'obtenir de très bons niveaux de croissance chez les veaux.

« En effet, les niveaux de croissance ont été compris entre 1 600 et 1 700 g par jour, note Jérémy Douhay. Contrairement à notre dispositif précèdent, le pâturage tournant a également permis de réaliser de réelles économies de concentrés ( 170 kg de concentrés par veau) par rapport au dispositif des deux grandes parcelles que nous avions les années précédentes. »

Santé - Alimentation

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