Comme a tenu à le rappeler Christine Fabresse, directrice générale de la Banque de proximité et assurance, mais aussi membre du directoire du Groupe BPCE : «Ce prix salue un secteur qui compte pour l’économie française, car cela représente plus de 3,5% du PIB.» Parmi les six lauréats, trois maraîchers ont retenu l’attention du jury : François et Mayra Aymonier, Bruno et Olivier Bianchi et Claire et Geoffrey Andna.
Maraîchers et producteurs d’absinthe
La Semilla – Distillerie Aymonier, créée par François et Mayra Aymonier, a été récompensée dans la catégorie création d’entreprise agricole.
En 2014, après un voyage au Costa Rica dans le but de trouver des terres agricoles, le couple – et ses deux enfants – revient en France et décide de s’installer sur l’exploitation familiale de François Aymonier aux Fourgs (25).
Aujourd’hui, leur exploitation s’étend sur 12 ha. Ils cultivent des fruits et légumes, des plantes aromatiques et médicinales en bio. Ils vendent l’essentiel de leur production en vente directe sur leur ferme perchée à plus de 1.000 m d’altitude. L’hiver est précoce, et pour vivre de leur activité toute l’année, ils décident alors de se développer dans la mise en conserve d’une partie de leur récolte.
Pour développer un peu plus la structure, François Aymonier a eu l’idée de se lancer dans la culture de l’absinthe, un choix logique puisque l’entreprise se situe dans le berceau historique de ce spiritueux. Le pas à franchir pour produire cette boisson était simple : les plantes nécessaires à sa fabrication étaient déjà cultivées sur l’exploitation. Les recettes séduisent les consommateurs français, mais aussi internationaux.
À court terme, le couple projette d’augmenter les espaces de cultures couverts et de créer un espace de vente plus spacieux et mieux agencé.
Champicreuse surfe sur la vague du produit français
Un peu plus à l’ouest, en Creuse, le Gaec Champicreuse s’est vu remettre un prix dans la catégorie performance technique.
Bruno et Olivier Bianchi sont les seconds producteurs français de champignons, avec 200 tonnes produites par an. Les pleurotes de Champicreuse sont vendus à des grossistes, à quelques grandes centrales comme Métro et, pour une petite part, à l’international.
Une des particularités de l’entreprise se trouve dans son substrat. En effet, depuis une dizaine d’années, les deux frères ont travaillé sur la mise au point d’une recette de fabrication de leur propre substrat, un mélange de paille qui va favoriser la moisissure et, par conséquent, le développement du champignon. Actuellement, ce sont les seuls producteurs français à être autonomes en substrat. Il est exempt de tout intrant, et la totalité des résidus est recyclée dans une unité de méthanisation.
Les deux frères ne s’arrêtent pas là. Depuis deux ans, ils travaillent avec une start-up afin de concevoir un fongicide naturel à partir de pleurotes. Les molécules extraites devraient servir à combattre les champignons naturels du blé, de la vigne ou des pommiers.
De retour à l’est, dans le quartier de la Maineau à Strasbourg, Claire et Geoffrey Andna ont reçu le prix spécial du jury pour leur ferme urbaine, l’EARL l’Îlot de la Maineau.
À la genèse du projet, le souhait de la ville de Strasbourg de rapprocher l’agriculture du milieu urbain pour offrir aux citadins des légumes de qualité en circuit court. En 2013, Geoffrey Andna et deux autres agriculteurs se lancent dans l’aventure. Ils s’installent sur un terrain de 11 ha aux portes du centre-ville. Le concept est simple, diffuser localement la cinquantaine de variétés de légumes cultivés, soit par le biais du magasin installé sur l’exploitation, soit en direct aux professionnels de la restauration et à quelques primeurs de l’agglomération. Claire Andna, quant à elle, s’occupe de la partie approvisionnement du point de vente pensé comme une supérette.
En 2017, Geoffrey et ses deux associés se séparent. Il devient alors seul maître à bord, avec sa femme, pour mener une réorganisation de la structure en profondeur. Aujourd’hui, avec douze salariés, un prévisionnel largement dépassé et une fréquentation du magasin en forte augmentation, l’exploitation remplit pleinement ses objectifs sociétaux.
À l’avenir, le couple souhaite sécuriser la production de l’exploitation, située en zone inondable, par l’extension des surfaces couvertes. Il envisage également de densifier l’offre des productions maraîchères et de lancer un vrai marché flottant afin de toucher la clientèle des habitants du centre-ville. Autre projet, développer la SAU de l’exploitation pour faire face au besoin grandissant et pour allonger les rotations en vue d’une conversion à l’agriculture biologique.
