Fièvre Q et vaccination : chiffrer les bénéfices

Deuxième cause d'avortement d'origine infectieux chez le bovin, la fièvre Q peut voir son incidence fortement réduite par la vaccination. Photo : E. Bordon
Le comité fièvre Q proposait, le 16 janvier, un webinaire sur les bénéfices de la vaccination contre cette maladie. Les résultats de plusieurs études montrent qu’elle réduit fortement l’incidence de la fièvre Q dans les troupeaux, jusqu’à 1 à 3 % seulement, et qu’elle permet d’engendrer jusqu’à 12 000 € de bénéfice net pour 100 vaches.
 
L’impact de la fièvre Q sur les élevages n’est plus à prouver. Elle est la deuxième cause d’avortement infectieux chez le bovin, selon le comité Fièvre Q, qui regroupe des vétérinaires, des éleveurs et, plus largement, des professionnels de l’élevage. Ainsi, ce comité organisait le 16 janvier, un webinaire pour évoquer la vaccination et ses bénéfices, dans la lutte contre cette zoonose mal connue.

"En plus des avortements, la fièvre Q provoque aussi la mortinatalité des veaux, la naissance d’animaux chétifs, des rétentions placentaires et des troubles de la reproduction", ajoute Raphaël Guatteo, vétérinaire, professeur en médecine bovine à Oniris et membre du comité fièvre Q.
Il cite une étude menée sur près de 5 000 vaches au début des années 2010, qui montre en outre que les cas de rétention placentaire sont multipliés par 1,5 chez les vaches positives à la fièvre Q. L’intervalle vêlage-IA/saillie fécondante augmente quant à lui de 10 à 20 jours.
 

Évaluer les conséquences économiques

Quantifier les retombées économiques de la fièvre Q nécessite de considérer les coûts proprement dits (traitements, visites du vétérinaire), mais aussi les pertes : veau mort-né, lait non produit... Des chiffres qui varient en fonction du type d’élevage et des circonstances.
Le coût d’un avortement, par exemple, est estimé entre 400 et 800 € pour un bovin. Il dépend du type de production, du moment auquel il survient, de la valeur génétique de l’animal. Il change aussi si l’animal déclenche une lactation ou pas et s’il doit être réformé ensuite.
Traiter une rétention placentaire ne coûte que 5 à 10 €. Mais elle engendre une perte d’environ 300 litres de lait, à laquelle s’ajoute l’allongement de l’intervalle vêlage-IA/saillie fécondante .
 

L’infertilité, un coût invisible

"Les pertes sont généralement deux fois plus élevées que les coûts engendrés par la maladie. Il faut donc multiplier ces derniers par trois pour estimer son impact économique réel", détaille Raphaël Guatteo.
Il souligne que les conséquences les plus importantes concernent l’infertilité causée par la fièvre Q. Les études en élevage montrent en effet un grand nombre de retours en chaleurs tardifs, qui sont probablement des avortements précoces. Ainsi qu’un allongement de l’intervalle vêlage-vêlage, dont le coût est évalué à 5 euros par jour.
 

Une vaccination efficace

"Pour remédier à cette situation, il existe un vaccin contre la fièvre Q. Mais encore faut-il que sa mise en œuvre soit justifiée par une rentabilité économique", explique Didier Raboisson, professeur à l’école vétérinaire de Toulouse.
Il cite une étude menée pendant trois ans sur des groupes de 100 vaches. Dans chacun des groupes, 20 ou 40 vaches sont positives à la fièvre Q. Certains groupes sont complètement vaccinés et d’autres non, ces derniers servant de témoins. Les groupes vaccinés reçoivent chaque année un rappel et une primo vaccination des jeunes animaux.
Les résultats montrent que la vaccination réduit fortement le taux d’animaux infectés. Au terme de la troisième année, les taux de 20 et 40 % ont baissé respectivement à 1,2 et 2,3 %, alors qu’ils sont stables dans les groupes témoin.

Pour les animaux d'élevage, le bénéfice économique de la vaccination s’évalue de la manière suivante : pertes engendrées par la maladie dans les groupes non vaccinés - pertes persistant dans les groupes vaccinés - coûts de la vaccination.

Les résultats montrent un bénéfice net pour 100 vaches de 3 214 € lorsque le taux d’animaux infectés au départ est de 20 % et de 11 937 € lorsqu’il est de 40 %. La rentabilité est donc au rendez-vous.
 

Limiter la transmission

Didier Raboisson souligne le fait que la vaccination présente, en plus, l’intérêt de diminuer l’excrétion de la bactérie Coxiella burnetii, à l’origine de la maladie. Cela diminue fortement les possibilités de transmission entre troupeaux, ainsi qu’à l’être humain. Le risque est donc amoindri aussi pour l’éleveur. En effet, présente chez tous les ruminants et parfois chez les animaux domestiques, la fièvre Q est transmissible à l’être humain. Très contagieuse, elle est asymptomatique dans 90 % des cas. 10 % des personnes infectées développent des symptômes grippaux, parfois des douleurs musculaires ou des pathologies cardiaques. Chez la femme enceinte, elle peut provoquer une fausse couche ou un accouchement prématuré. Les cas mortels sont rares.
 
Emmanuelle Bordon
Retrouver un témoignage d'éleveur confronté à la fièvre Q dans un prochain numéro du magazine Cultivar élevage. Pour vous abonner, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur la fièvre Q et retrouver le webinaire
 

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