Le Brésil exporte toujours plus vers la Chine

En 2018, l'Union européenne a absorbé 7 % des exportations brésiliennes et 11 % en valeur. CP : Alexandra Sanchez/Adobe Stock.

Le Brésil est le premier fournisseur de l’Union européenne en viande bovine, et est désormais le premier exportateur mondial. Avec la négociation en cours des accords de libre-échange du Mercosur, son volume d’exportation pourrait augmenter. Agroéconomiste à l’Institut de l’élevage, Baptiste Buczinski donne quelques éléments de compréhension de l’élevage brésilien.

L’élevage est historiquement basé dans le sud du Brésil. Cependant, avec la déforestation, il a aujourd’hui tendance à migrer vers le nord-ouest. Le cheptel diminue légèrement dans les zones traditionnelles, introduit-il.

  L’élevage a évolué ces dernières décennies au Brésil. La productivité animale à l’hectare a doublé en trente ans, mais elle reste encore éloignée des standards européens.

L’élevage reste encore extensif – les feedlots ne concernent que les animaux en phase finition sur trois à quatre mois – mais on voit clairement la montée en puissance d’un élevage intensif. Il y a davantage de feedlots.

La production brésilienne est majoritairement destinée à la consommation interne. Toutefois, le pays est perturbé par des crises depuis 2014. La hausse de production booste les exports et cela devrait continuer. L’Union européenne n’est plus la cible prioritaire, même si les exportations continuent de progresser.

La Chine est aujourd’hui la priorité. Les exportations vers ce pays ont été multipliées par sept entre 2011 et 2018, indique Baptiste Buczinski.

Les trois quarts des exportations brésiliennes sont issues de trois grands groupes : JBS, n°1 mondial de la viande, Marfrig, n°1 mondial du steak haché, et Minerva.

Un quart de la production brésilienne n’est pas inspecté, la viande est écoulée au marché noir. Seules les inspections fédérales permettent l’exportation, ce qui signifie que le pays ne peut aujourd’hui exporter que 50 % de sa production, explique l’économiste.

L’UE valorise les aloyaux

La question de l’aloyau est centrale dans l’équilibre économique des exports. Les exportations progressent grâce à une croissance de l’élevage bovin, une consommation intérieure qui patine et une demande soutenue du Moyen-Orient, de l’Asie, et notamment la Chine. Mais qui dit hausse de production dit carcasses supplémentaires à valoriser, et notamment des aloyaux supplémentaires qui ne trouvent preneur que dans l’Union européenne.

L’Union européenne absorbe peu de volumes mais représente le marché le plus rémunérateur au monde pour la viande bovine désossée. Dans le cadre de l’accord UE Mercosur, le Brésil a intérêt à aller chercher le marché européen pour valoriser ce type de morceaux, explique Baptiste Buczinski.

Toutefois, des différentiels de compétitivité subsistent. La situation économique difficile du Brésil depuis 2012 entraîne une dépréciation de la monnaie locale et booste la compétitivité à l’export. Les normes, notamment environnementales et sanitaires, diffèrent également.

L’Union européenne et le Mercosur ont des conceptions et des réglementations différentes, acquiesce Jean-Luc Angot, inspecteur général de la santé publique vétérinaire et membre de la Commission d’évaluation de l’accord UE-Mercosur.


Les modèles sanitaires, notamment, diffèrent : la réglementation concernant le bien-être animal est peu exigeante au Brésil, l’UE a interdit le recours aux hormones ainsi que l’utilisation de farines et des protéines animales dans l’alimentation des animaux, la traçabilité est contrôlée sur l’ensemble de la chaîne de production en UE… Les différences de réglementation portent également sur les produits phytosanitaires. Le Brésil utilise 51 pesticides non autorisés dans l’UE, dont 25 ont fait l’objet d’analyses de risque défavorables dans l’UE. Aussi, le pays autorise l’épandage aérien.
 

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