Le méthane entérique de la digestion des vaches est tenu pour responsable de la moitié de l’empreinte carbone de la filière laitière… Le projet « Méth'Algues » a exploré la piste de l’utilisation des algues des côtes atlantiques françaises dans l’alimentation des bovins pour orienter plus favorablement les fermentations ruminales.
Lors du Sommet de l’élevage, Benoît Rouillé, de l’Idele, présentait les résultats décevants de cette initiative, qui illustre bien la complexité des mécanismes du vivant.
« Partant de résultats prometteurs obtenus avec des algues tropicales, expose Benoît Rouillé, l’objectif de "Méth’Algues " était d’évaluer les ressources disponibles sur les côtes françaises. L’état des lieux initial a permis d’identifier sept espèces d’algues facilement disponibles et potentiellement intéressantes compte tenu de leur composition. »
Parmi les composants des algues, le bromoforme s’est révélé particulièrement intéressant pour son effet sur le méthane, entraînant une réduction spectaculaire de 80 % des émissions en éprouvette. Cependant, il touche négativement la digestibilité de la ration alimentaire.
D’autre part, les polyphénols présents dans certaines algues ont montré une réduction significative des émissions de méthane, dans une plage de 48 % à 98 %. Cependant, leur utilisation s’est soldée par une diminution de la concentration en acides gras volatils, qui signe une baisse de digestibilité et des performances zootechniques permises par la ration.
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Pour déterminer la viabilité de l’approche en conditions réelles, les chercheurs ont entrepris des essais in vivo, avec les deux algues les plus prometteuses in vitro. Un protocole d’essai a été mis en place, utilisant un dispositif en carré latin avec 20 vaches laitières réparties en quatre groupes de cinq animaux, dont 40 % étaient primipares. Toutes étaient en milieu de lactation.
Pendant quatre périodes de trois semaines, les vaches ont reçu différents compléments d’algues :
- Un lot témoin n’a pas reçu d’additif ;
- un lot a reçu un additif du commerce contenant une algue rouge tropicale à l’efficacité reconnue (10 g/jour) ;
- un troisième lot a reçu du Chondrus crispus (100 g/jour en deux fois) ;
- et le dernier lot a été nourri avec du Fucus vesiculosus saupoudré sur sa ration de maïs (100 g/jour en deux fois).
Pas d’effet significatif en conditions réelles
Les émissions de méthane entérique étaient mesurées à l’aide du dispositif « greenfeed » (capteur disposé sur le DAC).
« La bonne nouvelle, c’est que les algues n’ont eu d’effets négatifs ni sur l’ingestion ni sur les performances de lactation… Mais la mauvaise, c’est que les émissions de méthane n’ont pas été réduites », détaille le chercheur.
