Sur le chemin de l'autonomie protéique

Photo : H.Flamant/Terroir Est.
La région Grand Est aurait de quoi fournir les filières animales en protéines. Mais pour viser l’autonomie protéique, il faut plus d’interactions entre cultivateurs et éleveurs. C'est ce qu'il ressort de la conférence dédiée à la production de protéines dans le Grand Est, organisée par la CRA Grand Est à l'occasion d'Agrimax.

Les besoins fourragers sont estimés à 6,15 millions tMS sur le Grand Est. Les prairies permanentes représentent 63% de la production fourragère, la luzerne et les prairies temporaires 10 % le maïs et les cultures fourragères 27 %.

On voit tout l’importance de l’herbe au niveau régional. Mais le maïs a encore de beaux jours devant lui, commente Hervé Festuot, de la chambre d'agriculture des Ardennes.

La région produit également 615.000 t MS de luzerne déshydratée et 555.000 t MS de pulpes de betteraves. La région est donc autonome à 99,5 % en fourrages, voire 119 % avec les coproduits fourragers. Le Grand Est est également bien pourvu en industries agro-alimentaires qui fournissent des coproduits (corn gluten feed, wheat gluten feed, drèches, tourteaux de colza…) aux industries régionales de la nutrition animale.

Pas de solution unique

Présentés par Daniel Coueffé, de la chambre d'agriculture de Haute-Marne, les résultats du suivi de 72 fermes des réseaux d’élevage bovin lait du Grand Est sur trois ans (2014, 2015, 2016) démontrent l’intérêt des prairies en élevage laitier. "L’herbe est source d’efficacité économique."

Installé dans les Ardennes, Bruno Faucheron mise sur l’herbe pour gagner en autonomie alimentaire. Il produit du lait en système mixte herbe/maïs. Il table sur le pâturage, particulièrement le pâturage de printemps. En été les vaches reçoivent de l’herbe récoltée. « Les résultats économiques prouvent que ça peut marcher ». L’éleveur plaide pour davantage de conseils, d’expérimentations, et d’échanges sur le territoire entre cultivateurs et éleveurs.

Par exemple, chez moi, on ne peut pas faire de luzerne partout. C’est là que les échanges entre agriculteurs prennent tout leur intérêt. Nous sommes complémentaires les uns des autres.

 

Il n’y a pas de solution unique, comme le rappelle Pierre Laurent, agriculteur en Moselle.

Pierre Laurent a choisi de diversifier les ressources fourragères :  il a introduit la betterave dans son assolement et valorise les intercultures pour son troupeau allaitant. Jean-Roch Lemoine élève 1 600 brebis sur 226 ha de grandes cultures, dont 50 ha de betteraves, dans l’Aube. Il récupère des pulpes de betteraves surpressées, il cultive 26 ha luzerne, il fait pâturer des couverts, le colza, le blé et envisage de faire pâturer ses betteraves. Il réalise des échanges paille-fumier avec d’autres agriculteurs. "Le monde du végétal et de l’animal devraient se rencontrer plus souvent", estime l’éleveur.

Agriculteur dans les Vosges, Bertrand Choley a choisi la complémentarité avec les cultures pour atteindre l’autonomie protéique. Il teste le soja dans le cadre d’un GIEE. Les graines sont triturées localement dans une unité collective de trituration.

Miser sur le soja

Et parce que toutes les exploitations ne peuvent pas miser l'autonomie... les coproduits sont une solution, "en particulier dans le contexte de l’année", pointe Jean-Luc Jonnet, directeur de Nealia.
Hauts de France et Grand Est réunis produisent 75 % des coproduits français. Sur la seule région Grand Est, le colza est présent sur 313 000 ha en 2018 (soit 20 % de la sole nationale), les protéagineux sur 43.000 ha, et le soja sur 11.500 ha. La sole de soja est en forte augmentation, liée à la hausse de la demande en productions non OGM.

Le soja a beaucoup de vertus agronomiques, il est peu consommateur d’intrants et facile à conduire. Mais nous avons encore besoin d’acquérir des références avant de le déployer dans le Grand Est. Le soja est une opportunité à côté d’autres sources de protéines, souligne Antoine Henrion, président de la Chambre d'Agriculture de Moselle et de Terres Univia.

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