Ces cinq visions scénarisées du futur de la filière viande bovine française ne s'apparentent en rien à de la prévision. Elles proposent uniquement des futurs possibles, indique FranceAgriMer.
Cette étude prospective se veut être une base de réflexion et de travail pour les décideurs de la filière, en vue de l'élaboration d'une démarche stratégique future.
Vers des systèmes de production plus extensifs
Le 1er scénario envisage un repli national dans un contexte de crise globale, à la fois économique et énergétique. La consommation mondiale de viande bovine diminue au profit des céréales et des autres protéines végétales plus compétitives. Le « citoyen–consommateur », prioritairement préoccupé par la chute de son pouvoir d’achat, accepte les systèmes actuels d’élevage. De ce fait, la réglementation n'est pas durcie.Le changement climatique favorise le développement de nouvelles maladies bovines. Dans un contexte de crises sanitaires récurrentes, les acheteurs français privilégient l’offre nationale pour fournir un marché français en contraction. Le marché intracommunautaire connaît également une forte contraction de l’activité, ce qui affecte les exportations françaises et se traduit par une forte diminution du troupeau allaitant spécialisé.
Dans un premier temps, l’intensification de l'élevage dans des zones riches en sous-produits alimentaires s'accompagne d'un niveau de pollution plus élevé, conduisant à l’application du principe du « pollueur-payeur ».Les exploitations bovines françaises privilégient alors des systèmes de productions plus extensifs et performants en matière de respect des contraintes environnementales.
Développement de la viande à bas coût
Compte tenu du faible consentement à payer des consommateurs, l’aval de la filière importe des viandes à forte compétitivité-prix notamment en provenance d'Amérique du Sud grâce à un prix du fret au plus bas permis par la chute du prix du pétrole. Dans ces conditions, la normalisation et la rémunération de la qualité de la viande ne sont pas la priorité d’une filière dont le marché s’effondre. En complément de la viande issue des élevages laitiers et d’un engraissement intensif de jeunes bovins à l’auge, la rémunération des services environnementaux rendus par l’élevage et la diversification des activités permettent le maintien résiduel d’exploitations extensives, respectueuses des contraintes environnementales.
Montée en gamme
En matière de génétique, les avancées permettent d’améliorer la durabilité de la filière en répondant à une pluralité de demandes (accroissement de la productivité à l’herbe…) et la notion de « bovins optimisés » se diffuse et limite un recours important à une alimentation à base de concentrés. Avec ces innovations et avancées, l’élevage où l’herbe (sur pied et conservée) représente l’essentiel de la ration s’impose. In fine, les exploitations écologiquement intensives basées sur la valorisation de l’herbe captent ainsi une part significative de la valeur ajoutée, les autres courant après le respect de normes de plus en plus contraignantes.
Un système de production durable, concentré et intensif à l’herbe
Grâce aux progrès génétiques, et soutenu par les politiques publiques environnementales, l’élevage allaitant basé sur l’utilisation intensive de l’herbe est de plus en plus compétitif. La filière française s’organise pour construire et rémunérer la qualité de la viande à l’instar de ce qu’elle a su faire pour garantir la sécurité sanitaire. L’offre se segmente et la part du premium, sous signe de qualité, français ou d’importation proche, s’étoffe que ce soit pour les pièces, la viande hachée, ou les plats préparés à base de viande.
Une filière organisée et innovante
Sous pression des attentes sociétales (climat, environnement, bien-être animal), cette démarche est transposée à la construction de la qualité collective dans la filière française de la viande bovine. La filière s’organise pour communiquer au consommateur des informations précises et détaillées sur la viande et son origine, quel que soit le circuit de distribution et le produit (viande spécialisée ou coproduit issu du troupeau laitier). Ainsi l’offre française de viande bovine, segmentée et innovante, fidélise ses consommateurs et rémunère ses producteurs.
Retrouvez l'intégralité de l'étude prospective sur la filière viande bovine.