​Baisse du prix du lait en Europe du Nord et crise persistante pour le lait bio

Le prix du lait baisse en Europe depuis la fin de l’année 2022, et ce mouvement gagne la France, nous apprend le numéro d’avril de "Tendance lait viande". Du côté du lait bio, la crise se poursuit.

« Le prix du lait en France aurait baissé d’environ 10 € pour mille litres en mars et davantage encore en avril », révèle le numéro d’avril de Tendance lait viande. Après avoir progressé plus tardivement et modérément que dans les autres pays de l’UE-27, il suit désormais la même tendance baissière. En février, le prix du lait en France s’était stabilisé à un haut niveau : 483 € pour mille litres pour le lait standard.

La chute des prix dans l’UE-27 précède ceux de la France. Depuis décembre, le prix du lait en Europe a en effet chuté : moins 65 € pour mille litres en trois mois. En mars, il s’est établi à 518 € pour mille litres. Il reste néanmoins supérieur de 78 € par rapport à mars 2022.

Plus largement, la chute des prix est rapide et spectaculaire. L’Europe du Nord est la plus concernée : depuis le plus haut niveau de décembre, le prix du lait a chuté, en trois mois, de 127 € en Pologne, à 467 €/t en mars 2023, de 120 € aux Pays Bas, de 81 € au Danemark et de 73 € en Allemagne. Il a davantage décroché encore en Irlande : - 118 € entre décembre et février.
Même si les cotations du beurre et de la poudre maigre semblent se stabiliser, le prix du lait devrait continuer à baisser, surtout en Europe du Nord. Il sera en partie influencé par l’évolution de la demande et des prix des ingrédients laitiers. Les achats de la Chine auront une importance toute particulière.

 Le lait bio en crise

La situation est différente du côté du lait bio, qui connaît des difficultés spécifiques. Plusieurs facteurs se conjuguent en effet pour engendrer une crise durable, nous apprend Tendance lait viande. En premier lieu, l’écart de prix avec le lait conventionnel se réduit. Etabli à 496 € pour mille litres en février dernier, son prix n’était que 30 € au-dessus de celui du lait conventionnel. À titre de comparaison, cet écart était de 90 € en février 2022 et 145 € en février 2021. Pourtant, les données Inosys réseaux d’élevage révèlent que l’écart entre les coûts de production de l’un et de l’autre est d’environ 130 € pour mille litres pour les systèmes de plaine en 2022.

Conséquence : le nombre de conversions au bio baisse depuis 2021 et les retours au conventionnel se multiplient. On observe donc un recul du nombre de livreurs. En revanche, la taille des ateliers a tendance à augmenter.
En matière de collecte, il y a une forte disparité régionale. Sur janvier et février, elle est en recul en Bretagne et en Auvergne-Rhône-Alpes et stagnante dans les Pays de la Loire. On note en revanche une progression de 11 % en Normandie, de 8 % dans le Grand Est, de 2 % en Bourgogne Franche Comté et de 6 % dans les Hauts-de-France.

Mais le plus préoccupant reste probablement le déficit des ventes de produits laitiers bio, qui sont en recul pour la troisième année. Sur le début de l’année 2023, elles ont baissé de 9 % pour les yaourts et 18 % pour les fromages, par rapport à la même période en 2022.
Il en résulte un déclassement important, qui se maintient. Et même si ce mouvement a tendance à ralentir, la part de lait biologique déclassé correspond à 43 % de la collecte en janvier et février 2023. En 2019, elle n’était que de 28 %.