Sécuriser son système fourrager en été

Le sorgho, culture d'été moins sensible au déficit en eau que le maïs, permet de constituer des stocks fourragers pour faire face à la sécheresse estivale. Photo : C.Milou/Pixel Image.

Les expérimentations menées à l'Inra de Lusignan depuis une dizaine d'années montrent l'intérêt de diversifier les fourrages pour sécuriser le système fourrager des exploitations laitières, particulièrement en période estivale. Les résultats ont été présentés lors des Journées de printemps de l'AFPF, en mars dernier.

Si en France, l'autonomie fourragère des exploitations laitières bovines est élevée, elle peut être mise à mal lors d'aléas climatiques, notamment lors des épisodes de sécheresse estivale qui peuvent impacter la production d'herbe en été et les rendements du maïs.

L'unité expérimentale de l'Inra de Lusignan, étudie depuis une dizaine d'année la production de fourrages complémentaires à l'herbe et au maïs, produits sans irrigation et avec peu d'intrants. Deux grandes voies complémentaires ont été explorées pour produire du fourrage tout au long de l'année : le pâturage et les fourrages conservés.

Le pâturage de graminées estivales

Le pâturage de nouvelles ressources permet une valorisation directe de la ressource végétale et fait l'économie des coûts de récolte. Le pâturage permet, en outre, d'économiser de l'eau d'abreuvement, les fourrages pâturés étant plus riches en eau que les fourrages stockés.

Afin de passer l'été et l'automne sans trop mobiliser les stocks fourragers, l'Inra de Lusignan a évalué l'intérêt d'espèces annuelles à croissance estivale, en particulier les graminées supportant les fortes températures comme le sorgho fourrager, le millet et le moha :
• les sorghos fourragers présentent généralement un fort développement qui peut rendre difficile leur exploitation lorrsqu'ils dépassent 1 m de hauteur. La présence d'acide cyanhydrique impose, par ailleurs, de ne les pâturer qu'après qu'ils aient atteint 40 à 50 cm. Selon la date de semis, deux à trois exploitations successives peuvent être envisagées ;
• le moha fournit une première pousse abondante de bonne qualité mais celle-ci décroit rapidement à l'épiaison. Les repousses sont moins productives ;
• le millet permet d'effectuer plusieurs pâturages avec un fourrage de bonne qualité, et ce jusqu'aux premiers froids.

Les trois espèces peuvent être associées avec des trèfles, en particulier du trèfle d'Alexandrie, réputé appétent et peu météorisant.  Testée en 2009, une association millet (10 kg/ha) et légumineuses (1 kg de trèfle d'Alexandrie, 1 kg de trèfle Micheli, 2 kg de trèfle incarnat, 5 kg de vesce commune) implantée sur 3 ha, a fourni 18 jours de pâturage entre le 29 juillet et le 15 août à des animaux en fin de lactation, sans autres apports.

Autre solution : la technique de reports sur pieds consiste à débrayer une parcelle de la chaîne de pâturage et d'en repousser l'exploitation au moment où les animaux en auront besoin. La valeur alimentaire est moindre mais la technique permet de nourrir des animaux à moindres besoins énergétiques. La technique a été testée sur des vaches en fin de lactation en 2006. Le gain financier par rapport à une récolte de foin a été évalué à 50 euros/1000 litres de lait.

Constitution de stocks fourragers

L'Inra de Lusignan s'est également intéressée à la constitution de stocks fourragers alternatifs au maïs et à la prairie. Deux fourrages ont été étudiés : le sorgho, culture d'été moins sensible au déficit en eau, et les associations céréales-protéagineux.

Les sorghos destinés au maïs grain sont très ingestibles et aussi bien valorisés par les vaches laitières qu'un ensilage de maïs malgré leur moindre digestibilité. Les sorghos fourragers monocoupe sont plus productifs mais aussi plus tardifs. La présence du gène BMR (améliorant la digestibilité de la lignine) dans certaines variétés permet d'augmenter la valeur alimentaire qui est, aussi comparable à celle d'un maïs.

Les associations annuelles entre céréales à paille et protéagnieux, implantées à l'automne et récoltées en fin de printemps, permettent de contourner les épisodes de sécheresse estivale. La présence de légumineuses ne détériore pas la productivité et améliore les valeurs azotée et énergétique du fourrage. Attention toutefois, la productivité et la qualité de l'association sont fortement liées au stade de récolte. Une récolte précoce (stade laiteux de la céréale) permet d'obtenir un fourrage de bonne qualité. Une récolte plus tardive aboutit à un fourrage plus sec avec de possibles difficultés de conservation.

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