De 34 à 49 centimes pour produire un kilo de lait

Une action de promotion du lait équitable FaireFrance s'est tenue aux portes du Salon de l'agriculture. Ce lait apporte une plus-value de 10 centimes/litre aux producteurs. Photo: N. Tiers/Pixel image
En 2013, le coût de production du lait en France serait, selon les régions, de 34 à 49 centimes par kilo de lait: c'est ce qui ressort d'une étude réalisée par un institut de recherche allemand privé (BAL, Bureau pour la sociologie agricole et l'agriculture), à la demande de l'EMB (European Milk Board).

Les aides ont été déduites de ces coûts (entre 5,68 et 8,21 centimes/kg) mais pas les charges supplétives relatives au foncier et au capital (2,5 à 4 centimes/kg).

Le prix moyen payé aux producteurs de lait français en 2013 étant de 33,8 centimes, l'EMB et ses organisations membres en France (Apli, OPL, France milk board) estiment que c'est très insuffisant, et renouvellent leur exigence d'un prix du lait de 45 centimes/litre.

Ces chiffres ne sont pas contestables ou alors il faudra attaquer le Rica !, a lancé Paul de Montvalon, président de FMB.

Nous avons eu une réunion avec des représentants de la Commission européenne: ils reconnaissent la validité de notre étude, a renchéri Romuald Schaber, président de l'EMB.

Le BAL s'est en effet appuyé sur les données du Réseau d'information comptable agricole de la Commission européenne (Rica) de 2002-2009, en les actualisant pour 2013 avec les indices des prix de l'Insee pour les moyens de production (fourrages, engrais, semences, énergie). L'échantillon utilisé contient uniquement des exploitations laitières spécialisées.

Un ajustement a également été effectué concernant la rémunération des producteurs, sur la base du salaire conventionnel des gérants et travailleurs du secteur agricole dans le Finistère.

Nous nous sommes basés sur une rémunération de 22 à 23 euros bruts de l'heure pour les gérants d'exploitation, et de 13 euros/h pour les membres de la famille non associés, explique Karin Jürgens, directrice du BAL. Il faut donc déduire de ces chiffres les coûts de la sécurité sociale.

Un avocat pour négocier

Le Grand Ouest montre le coût de production le plus faible à 34 centimes/kg. Une différence qui s'explique en partie par des coûts moindres des moyens de production, des amortissements et des salaires, selon Karin Jürgens. Selon l'OPL, la branche lait de la Coordination rurale, cela serait lié au déficit d'investissement des exploitations dans cette région.

Quant aux coûts les plus élevés de 46 centimes/kg en Auvergne et Limousin, et de 49 centimes/kg en Rhône-Alpes, ils s'expliqueraient par les contraintes de milieu dans ces régions de montagne.

Ces chiffres vont servir dans les négociations des organisations de producteurs France milk board, a annoncé Paul de Montvalon. Nous avons embauché un avocat et un cabinet spécialisé pour négocier, car tout ce qui a été fait en matière de contractualisation ne permet pas d'avancer sur le prix du lait.

Cette étude sur les coûts de production du lait avait été au préalable réalisée en Allemagne, révélant des coûts entre 43 et 50 centimes/kg, pour un lait payé 37 centimes/kg aux producteurs. L'étude est en cours de réalisation aux Pays-Bas, et sera menée également en Italie et en Belgique.

En Allemagne comme en France, les relations avec la grande distribution et les industriels sont très difficiles, a indiqué Romuald Schaber. Les industriels veulent une matière première bon marché car ils vivent aussi de l'export. Nous appelons les responsables politiques à prendre ces chiffres au sérieux.

Négociations encourageantes

Alors que l'EMB, FMB, l'Apli et l'OPL présentaient cette étude le 27 février au Salon de l'agriculture, la FNPL, organisation syndicale majoritaire, préparait le même jour un communiqué évoquant des "négociations commerciales encourageantes pour le prix du lait".

Les négociateurs ont intégré l'objectif de valorisation de la matière première laitière dans leur discussion. La FNPL estime que sa revendication d'un prix du lait moyen à 380 euros/1000 litres pour 2014 est atteignable.

Selon Paul de Montvalon :

38 centimes, ce n'est pas suffisant! Pourquoi les exploitations laitières disparaissent? Pourquoi une étude de FranceAgriMer prévoit 30 000 exploitations restantes en 2025 contre 70 000 aujourd'hui?

Quel est le juste prix du lait? Une seule chose est sûre, cette question ne trouvera pas de réponse unique avant le bouleversement de la fin des quotas.

Aller plus loin:
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