Les prairies multi-espèces vont se développer

Les trois fonctions qu'une prairie multi-espèces doit assurer sont la production, la qualité nutritionnelle et l'aptitude au pâturage. Photo Jouffray-Drillaud
Les prairies multi-espèces, composées au minimum de trois espèces de graminées ou légumineuses, devraient se développer à l'avenir dans les exploitations d'élevage. Patrice Pierre, chef de projets au service fourrages de l'Institut de l'élevage, l'affirme :

Ces prairies sont plus productives que les prairies d'associations de type ray-grass + trèfle blanc. Or, avec l'augmentation de la taille des exploitations, la place du pâturage diminue et les éleveurs recherchent des prairies productives de fauche, afin de constituer des stocks de fourrages et de s'affranchir des aléas climatiques. Avec des troupeaux de plus en plus grands, ils recherchent aussi des systèmes simples afin de mieux gérer leur temps.

Deux facteurs sont néanmoins susceptibles de freiner cette tendance : le coût de l'énergie nécessaire aux récoltes, et le coût de la protéine. Si l'autonomie des élevages bovins laitiers français est de plus de 80% d'un point de vue massique et énergétique, elle n'est que de 67% du point de vue des protéines selon l'Institut de l'élevage.
Ce déficit d'autonomie protéique concerne surtout les systèmes spécialisés de plaine et les systèmes polyculture-élevage comptant plus de 30% de maïs dans la surface fourragère principale (SFP).

Selon Patrice Pierre :

Les prairies multi-espèces sont un des leviers vers davantage d'autonomie, en particulier quand elles sont composées de légumineuses.

Gisement de protéines

Le potentiel de production d'une prairie multi-espèces peut dépasser de 1,5 tonne de matière sèche par hectare celui d'une prairie ray-grass anglais + trèfle blanc. Elles peuvent constituer un gisement de protéines peu chères, et sont donc très complèmentaires au maïs ensilage, dont la place va probablement augmenter dans les grandes exploitations laitières de plaine.

Ce sont des prairies à usages multiples (pâturage, fauche) qui permettent de réduire la fluctuation des rendements car elles sont plus résistantes aux aléas climatiques. Elles offrent en outre une souplesse d'utilisation grâce à un meilleur étalement de la production sur l'année.

Dans cette vidéo, le témoignage de Jean-Paul Coutard de la Ferme expérimentale bio de Thorigné d'Anjou, lors de l'été sec de 2013 :


Patrice Pierre souligne néanmoins que ces bons résultats s'obtiennent à certaines conditions :

Dans une prairie multi-espèces, les espèces ne sont pas associées n'importe comment. Elles sont choisies pour des fonctions précises. Les trois fonctions qu'une prairie multi-espèces doit assurer sont la production, la qualité nutritionnelle et l'aptitude au pâturage.

Pour la production, le spécialiste cite les grandes graminées ou légumineuses : dactyle, fétuque élevée, fléole, trèfle violet, trèfle hybride, luzerne.
Pour la qualité, il cite notamment : la trèfle violet, le trèfle hybride, la luzerne, le lotier et le trèfle blanc.
Pour l'aptitude au pâturage, il cite des espèces gazonnantes : ray-grass anglais, trèfle blanc, pâturin des prés.

50% des prairies temporaires

La société Jouffray-Drillaud, qui avait invité Patrice Pierre à s'exprimer le 5 décembre dernier devant un public de techniciens agricoles, a commandité une enquête téléphonique l'été dernier auprès de
250 élevages laitiers (plus de 50 mères) et de 200 élevages allaitants (plus de 70 mères).

Cette enquête révèle que beaucoup d'éleveurs cultivent déjà des prairies composées de trois espèces ou plus. Celles-ci représenteraient 1,7 million d'hectares soit 50% des prairies temporaires françaises. Les motivations évoquées sont la qualité nutritionnelle, la productivité et l'autonomie. Les freins évoquées sont le maintien de l'équilibre entre espèces et le coût du semis.

D'après cette enquête, environ 20% des éleveurs cultivant déjà des prairies multi-espèces souhaitent les développer, et 25% des non-utilisateurs expriment leur souhait de tester ce type de prairies à l'avenir. Denis David, directeur marketing de Jouffray-Drillaud :

Nous pensons qu'il y a une révolution en marche du marché des mélanges fourragers, avec une attente forte des éleveurs pour des mélanges prêts à l'emploi performants.

Le semencier propose déjà des mélanges multi-espèces. Il compte bien renforcer son offre en créant de nouvelles variétés dont l'intérêt au sein d'un mélange sera plus particulièrement recherché.

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