Le diagnostic, un prérequis pour améliorer la productivité des prairies

Prairie en fleur au printemps

Identifier les causes de dégradation sur prairie reste le meilleur moyen de ne plus y être confronté après rénovation.

Crédit photo bios48/Adobe Stock
Sursemer, modifier ses pratiques ou rénover totalement, quelles méthodes adopter pour améliorer ses prairies ? Pour les indécis, pas de panique, février est le mois idéal pour étudier toutes les options possibles. Jérôme Gauchon, responsable agronomie chez Océalia, rappelle les points clés d’un diagnostic prairial efficace et réussi.

« L’observation est un préalable à tous travaux d’amélioration des prairies », insiste Jérôme Gauchon, responsable agronomie chez Océalia. À l’occasion d’un webinaire organisé par le groupe Herbe et fourrages Centre-Val de Loire le 6 février 2024, l’agronome a rappelé l’importance du diagnostic prairial.

Les causes de dégradation du couvert végétal peuvent être multiples : accidents climatiques, surpâturage ou encore une mauvaise activité biologique. Bien identifier les causes reste le meilleur moyen de ne plus y être confronté après rénovation.

« Les interventions sur prairies sont souvent coûteuses. Il est donc indispensable de comprendre les facteurs qui agissent sur le potentiel productif, dégradent la flore et diminuent la part de légumineuses », assure le responsable agronomie d’Océalia.

Observer l’aspect général de la parcelle

Jérôme Gauchon conseille de débuter le diagnostic par une observation globale de la prairie. C’est-à-dire de s’interroger sur les caractéristiques générales de la parcelle : le sol est-il séchant ? Existe-t-il des risques d’inondation ? La prairie est-elle située en pente ? Y a-t-il des microreliefs liés à la présence de taupes ou d’autres animaux ?

Après ce premier examen, l’agronome recommande de s’intéresser plus particulièrement au sol de la prairie. Certains indicateurs visuels apportent des informations de haute importance, comme des fentes de rétractation vont témoigner d’une forte teneur en argile. La présence de turricules révèle une activité biologique dans le sol.

Un test bêche pour observer les premiers centimètres du sol

Estimer la profondeur d’enracinement, la présence d’une semelle de labour ou bien des traces d’hydromorphie sest facilement réalisable. Il suffit de creuser un simple trou à la bêche.

Ces éléments servent à comprendre les facteurs de dégradation. De plus, ils seront également utiles pour adapter le travail de restauration à venir. Par exemple, la présence d’une semelle de labour influencera le type d’outil utilisé.

Pour compléter cette observation, Jérôme Gauchon est formel : une analyse de sol est requise. « Cette analyse permet de vérifier la pertinence agronomique de travaux sur prairie. Ce n’est pas la peine d’engager des frais si la fertilité est absente », rappelle l’expert.

PH, taux de saturation et CEC, des éléments à prendre en compte

Une analyse de sol apprécie plusieurs éléments comme le pH, le taux de saturation, le taux de saturation calcique ou encore la teneur en potasse et en phosphore. Idéalement, les prélèvements s’effectuent à l’automne et en hiver, lorsque le pH est le plus stable.

« Par exemple, une CEC d’à peine 9 milliéquivalent par 100 gramme, un taux de saturation d’environ 34 % et un pH de 5,2, ne sont pas favorables à l’implantation d’une prairie. Sur un sol comme celui-ci, on conseillera un redressement avant d’entreprendre des travaux d’amélioration », assure Jérôme Gauchon.

Observer l’état de dégradation du couvert

L’étude du couvert prairial fournit aussi des indications précieuses, comme la présence de refus, d’un tapis végétal dense ou clairsemé et la nature de la flore.

En effet, l’abondance d’espèces à forte valeur fourragère, le pourcentage de sol nu et la présence d’adventices déterminent le niveau de dégradation d’une prairie. Ces indicateurs permettent de classer l’état de la prairie selon trois niveaux : faiblement dégradée, moyennement dégradée et fortement dégradée.

L’état de dégradation du couvert prairial détermine le type d’intervention à mettre en œuvre.
Crédit photo : Guide pour un diagnostic prairial

Ces trois niveaux conditionnent la méthode de rénovation employée : améliorer l’existant par les pratiques, sursemer ou encore rénover complètement.

Modifier les pratiques pour améliorer une prairie

Lorsque le pourcentage de sol nu demeure faible, inférieur à 10 %, et que la proportion d’espèces à bonne valeur fourragère est élevée, supérieure à 40 %, alors de simples pratiques peuvent sauver la prairie.

Pauline Hernandez, conseillère fourrages à la chambre d’agriculture de l’Indre, propose aux éleveurs de lister leurs contraintes et de se fier au diagnostic pour identifier les pratiques à modifier, par exemple :

  • revoir sa stratégie de chaulage et de fertilisation ;
  • modifier le mode d’exploitation ;
  • aménager la parcelle pour homogénéiser le chargement ;
  • désherber avec un sélectif si le salissement est élevé.

Quand choisir le sursemis ?

Dans une prairie dont le pourcentage de sol nu n’excède pas 30 % et dont la qualité fourragère reste préservée, le sursemis peut être pratiqué.

Objectif : regarnir des couverts clairsemés ou encore rallonger la durée de vie d’une prairie.

À noter : cette technique est exigeante et sa réussite dépend de nombreux facteurs, comme la nature du sol ou encore la composition du couvert. En effet, des espèces stolonifères, comme l’agrostis entravent la réussite des sursemis.

Rénovation totale : trois périodes de semis possibles

La rénovation totale d’une prairie est à envisager lorsque plus de 30% du sol est à nu et que l’abondance des espèces fourragères n’excède pas 30 % du couvert.

Souvent réalisé en fin d’été, les méthodes d’implantation tendent à se diversifier depuis que les sécheresses estivales augmentent le risque d’échec.

Désormais, certains éleveurs pratiquent l’implantation sous couvert de méteil un peu plus tard dans la saison, entre le 20 septembre et le 20 octobre.

Les semis de printemps, quant à eux, réduisent la production de fourragère de l’année, mais favorisent le développement des légumineuses dans le couvert.


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