Alimentation de précision : l’avis des éleveurs laitiers et des professionnels de la nutrition

Cowshed at dairy farm with herd of milking cows

Pour rappel, Harpagon teste l’alimentation de précision chez les vaches laitières pour ajuster au mieux la quantité de concentré par vache.

Crédit photo JackF/Adobe Stock
Dans le cadre du projet Harpagon, l’Idele a mené deux enquêtes afin de rassembler les avis des professionnels de l’élevage à propos de l’alimentation de précision. La majorité des enquêtés trouve le concept pertinent, comprend son intérêt et envisage de le mettre en place. Pourtant, une partie des acteurs de la filière estime aussi qu'il ne s’adapte pas à tous les systèmes d’élevage.

L’été dernier, l’Idele avait exposé les résultats des premiers essais du projet Harpagon. Plus récemment, lors d’un webinaire en décembre dernier, l’équipe a présenté les réponses de professionnels de la nutrition et d’éleveurs interrogés sur leur perception du concept.

Pour rappel, Harpagon teste l’alimentation de précision chez les vaches laitières pour ajuster au mieux la quantité de concentrés par vache. L’objectif étant d’améliorer les performances techniques, économiques et environnementales des élevages laitiers.

Deux enquêtes avec l’institut Agro Rennes-Angers

En collaboration avec l'institut Agro Rennes-Angers, l’équipe d’Harpagon a réalisé deux enquêtes : l’une auprès d’une cinquantaine de conseillers en élevage et l’autre envers une vingtaine d’éleveurs. Ces deux enquêtes avaient pour but d’identifier les besoins et les attentes des professionnels au sujet de l’alimentation de précision.

La première enquête, qui a interrogé des conseillers en élevage, des spécialistes de la nutrition ou encore des vétérinaires, révèle différentes attentes des professionnels de la nutrition. Selon eux, l’alimentation de précision doit améliorer la qualité du lait, la santé des vaches et les profits en réduisant les coûts alimentaires.

Un intérêt économique limité

Globalement, les personnes interrogées avaient une perception positive du concept concernant la productivité et la rentabilité. Pourtant, une part presque égale des professionnels soulevait certains aspects négatifs en évoquant notamment l’intérêt économique limité.

« Pour plusieurs des conseillers, le risque est d’augmenter le coût de production, car les éleveurs auraient tendance à utiliser plus de concentrés », illustre Yannick Le Cozler, enseignant-chercheur à l’institut Agro Rennes-Angers. Plusieurs conseillers se sont également interrogés : « Faire de l’alimentation de précision avec des données imprécises, cela vaut-il vraiment le coup ? »

Un avenir collectif

Finalement, les conseillers pensent que l’avenir de l’alimentation des troupeaux laitiers sera collectif plutôt qu’individuel, voire parfois les deux, avec une ration totale et une complémentation individuelle.

D’autre part, « beaucoup de conseillers disent que le concept est adapté aux fermes technologiques, notamment celles déjà équipées de robot et de DAC (distributeur automatique de concentrés) », indique Yannick Le Cozler.

De fait, parmi les 21 éleveurs interrogés lors de la deuxième enquête, plus de la moitié étaient équipés pour distribuer le concentré individuellement (DAC ou robot de traite).

10% des éleveurs ont un équipement « optimal »

D’après l’Idele, l’équipement « optimal » pour mettre en place le concept Harpagon en élevage se constitue d’un DAC, d’un compteur à lait et d’une stalle de pesée.

Une autre enquête, réalisée par l’Idele en 2023 sur plus de 800 éleveurs, montre que seuls 10% des interrogés possèdent ce niveau d’équipement, tandis que 40% des enquêtés sont concernés par un équipement constitué d’un robot de traite ou d’un DAC couplé d’un compteur à lait.

Pas applicable aux systèmes en pâturage

D’autre part, parmi la vingtaine d’éleveurs interrogés, certains perçoivent que le concept Harpagon n’est pas applicable aux systèmes en pâturage.

En effet, « un groupe de six éleveurs en système herbager a répondu que le concept n’était pas fait pour eux et quatre éleveurs ne souhaitent pas changer leur système », illustre Yannick Le Cozler. Ces éleveurs ont également indiqué que l’alimentation de précision semblait « trop complexe à mettre en place ».

De plus, même si la moitié des personnes interrogées semble convaincue de l’intérêt de la complémentation individuelle (11 éleveurs), parmi eux, deux éleveurs ne la considèrent pas comme une priorité. D’autre part, quatre éleveurs envisageraient de mettre en place l’alimentation de précision, mais manquent d’équipements tandis que cinq l’ont déjà intégré dans leur système.

Suite des essais début 2024

Finalement, l’Idele conclut que « l’alimentation de précision semble pertinente pour la grande majorité des éleveurs et des conseillers ». Toutefois, « il est important de prendre en compte les objectifs, le niveau de technicité et le choix des éleveurs pour utiliser au mieux ces outils », résume Yannick Le Cozler.

L’Idele annonce continuer les essais du projet Harpagon début 2024, en prenant cette fois-ci en compte les attentes des utilisateurs.

 

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