GDS France étudie les mesures de biosécurité de 460 élevages bovins

Vache laitière à l'abreuvoir campagne

Protéger les zones d’abreuvement pour limiter le risque de contamination par la faune sauvage reste un point difficile à maîtriser.

Crédit photo Thierry Ryo/Adobe Stock
Désinfection des bâtiments, doubles clôtures, marche en avant : GDS France a scruté à la loupe les pratiques de 217 éleveurs laitiers et 212 allaitants. Le 29 décembre 2023, le réseau a publié un rapport d’analyse. Objectif de l’étude : repérer les besoins des éleveurs pour renforcer les mesures de prévention dans les élevages.

Recrudescence et émergence de maladies, résistance aux antibiotiques ou encore traitements vétérinaires complexes et coûteux : la liste des problématiques sanitaires semble s’allonger à vue d’œil.

Dans un rapport d’étude publié le 29 décembre 2023, le groupement de défense sanitaire, GDS France hisse d’ailleurs la prévention des maladies au rang d’importance capitale.

Cette publication condense les résultats d’une étude réalisée sur les pratiques de biosécurité au sein de 460 élevages bovins répartis dans 65 départements.

Objectifs de l’étude : identifier les mesures de biosécurité maîtrisée par les éleveurs et détecter leurs besoins en matière d’accompagnement.

Biosécurité : optimiser l’efficacité des mesures de prévention

« Les éleveurs mettent déjà en place au quotidien un certain nombre de mesures de prévention, rapporte GDS France. Cependant une approche plus globale, pragmatique et opérationnelle de la biosécurité peut améliorer l’efficacité de ces différentes mesures. »

L’étude de GDS France s'appuie sur des grilles d’autoévaluation complétées par 217 éleveurs laitiers et 212 allaitants.

Ces grilles évaluent le niveau de maîtrise des risques sanitaires en fonction de six grands thèmes, comme les risques liés aux intervenants extérieurs ou ceux associés à l’introduction d’animaux dans l’élevage.

Une fois complétée, cette grille attribue un score associé à la gestion du risque dans l’exploitation. « La majorité des éleveurs interrogés ont estimé appliquer correctement la plupart des mesures de biosécurité. En effet, pour 74 % d’entre eux le score était supérieur à 75 sur 100 », détaille GDS France dans sa synthèse.

La quarantaine et le dépistage, des pratiques peu maîtrisées

Lorsque l’on introduit un animal dans un élevage, le risque qu’il soit porteur d’un pathogène existe. Un moyen simple de se prémunir de ce risque est de réaliser un dépistage chez le vendeur :

D’après l’étude de GDS France, 86 % des éleveurs estiment bien gérer ce risque, car ils effectuent un dépistage. Pourtant, seulement 62 % d’entre eux réalisent ce test chez le vendeur. Les 38 % restants testent l’animal après son entrée dans l’élevage.

Une quarantaine de qualité reste encore complexe à mettre en œuvre. Cette mesure est aujourd’hui maîtrisée par seulement 69 % des éleveurs interrogés.

>>> À lire : [Biosécurité] Introduction d'animaux en élevage : comment protéger son cheptel ?

Doubles clôtures et pâturage alterné ne sont pas simples à appliquer

La participation aux concours, l’utilisation de pâtures collectives ou encore la mauvaise qualité des clôtures augmentent le risque de contacts entre bovins issus de différents troupeaux. En règle générale, les éleveurs estiment adopter des gestes de prévention adaptés pour limiter les contacts.

En revanche, 51 % d’entre eux seulement maîtrisent ce risque au pâturage. GDS France explique que cette défaillance provient principalement du morcelage des parcellaires dans les zones d’élevage.

Plus un parcellaire est fragmenté, plus l’installation systématique de doubles clôtures est coûteuse. Le pâturage alterné, quant à lui, est très souvent complexe à organiser.

Plan de circulation, seulement 34 % des éleveurs l’ont adopté

Les grilles d’autoévaluation analysées par GDS France apprécient aussi l’entrée de pathogène par vecteur humain ou par l’entrée de fumier.

La synthèse des grilles d’évaluation montre que le risque lié aux visiteurs et aux intervenants reste assez peu maîtrisé. « En effet, seulement 34 % des éleveurs déclarent disposer d’une sectorisation de l’élevage assorti d’un plan de circulation. »

De plus, les systèmes de lavage des bottes à l’entrée et à la sortie de l’élevage sont souvent inexistants.

La propagation de maladies par la faune sauvage est un autre enjeu de biosécurité. Le rapport indique que les points les plus critiques concernent la protection des zones d’abreuvement et les stocks d’aliments.

La désinfection des bâtiments est peu pratiquée

La biosécurité ne s’intéresse pas uniquement aux risques venant de l’extérieur. Limiter la circulation des pathogènes dans l’élevage et empêcher les maladies de se diffuser hors de l’élevage sont aussi des enjeux évalués par GDS France.

Le recours au vétérinaire, l’information auprès des élevages voisins en cas d’infection ou encore le dépistage avant la vente sont des mesures que les éleveurs estiment bien gérer.

« 80 % des éleveurs déclarent avoir recours systématiquement au vétérinaire en cas de problèmes sanitaires et près de 20 % autant que possible », affirme l’étude.

En revanche, d’autres gestes de prévention semblent être moins faciles à instaurer, par exemple, l’isolement des animaux infectés, la marche en avant ou encore la désinfection des bâtiments.

Limiter la diffusion de pathogènes vers l’extérieur

>>> Dans le rapport, les experts de GDS France détaillent :

« Concernant la gestion des cadavres, avortons et placentas, seule la moitié des éleveurs indique réussir à les mettre hors de portée de la faune sauvage et des animaux domestiques le temps de la collecte. En effet, la mise en sécurité des cadavres de grande taille nécessite une zone dédiée adéquate, un investissement dans du matériel adapté, comme des cloches, tout en assurant une accessibilité au camion d’équarrissage. »

La biosécurité protège aussi la santé humaine

À noter : lorsque les éleveurs sont interrogés sur leur capacité à limiter le risque de transmission de pathogènes aux hommes, ils estiment à 81 % être en mesure d’apporter des solutions adaptées.

« Le risque zoonotique peut être sous-estimé, notamment parce que de nombreux éleveurs oublient souvent de se compter parmi les personnes exposées », prévient tout de même le réseau GDS.

Les 460 grilles analysées par GDS France ont mis en lumière les gestes de prévention maîtrisés  et ceux qui nécessitent le déploiement d’un accompagnement.

>>> À lire : Un guide sur la biosécurité en élevage bovin

GDS France préconise un accompagnement financier des éleveurs

Les experts du réseau sont formels : des actions de formations, de conseils et un accompagnement financier des éleveurs sont nécessaires pour renforcer les mesures existantes.

Ils n’hésitent pas à rappeler que mettre en place certaines mesures de gestion est une démarche coûteuse : « Les éleveurs ne peuvent pas supporter ce coût seul. »

Pour GDS France, la biosécurité est une préoccupation collective. En effet, elle est utile à la santé humaine, à la santé de la faune sauvage et à la qualité de la production des denrées alimentaires.

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